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SAINT AUGUSTIN[1]

CINQUIÈME PARTIE[2]


L’APOTRE DE LA PAIX ET DE L’UNITÉ CATHOLIQUE


« Die eis ista ut plorent... et sic eos rape tecum ad Deum, quia de spiritu ejus hæc dicis eis, si dicis ardens igné caritatis.
Dis-leur cela, ô mon âme, pour les faire pleurer... et emporte-les ainsi, avec toi, vers Dieu, car tu leur parleras par son esprit, si tes paroles sont brûlantes du feu de la charité... »
( Confessions, IV, XII.)


I. — L’ÉVÊQUE D’HIPPONE

Dans son monastère, Augustin continuait à être guetté par les Églises voisines, qui voulaient l’avoir pour évêque. On l’enlèverait à la première occasion. Le vieux Valérius, redoutant une surprise, engageait son prêtre à se cacher. Mais il savait, par l’exemple même d’Augustin traîné à la prêtrise malgré lui, que les meilleures précautions sont inutiles contre des gens décidés à tout. Le plus sûr était de prévenir le danger.

Il se résolut donc à partager l’épiscopat avec Augustin, à le faire sacrer de son vivant et aie désigner comme son successeur. C’était contraire à la coutume d’Afrique et, de plus, aux canons du concile de Nicée (il est vrai que Valérius, comme Augustin lui-même, ignorait ce dernier point). Mais enfin, on pouvait faire fléchir la règle en considération des mérites exceptionnels

  1. Copyright by Louis Bertrand, 1913.
  2. Voyez la Revue du 1er et 15 avril et des 1er et 15 mai.