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apprend qu’il doit suivre le mouvement de Frossard sur la route de Gravelotte. Lui aussi est arrêté par des encombremens, et sa tête de colonne atteint à la nuit Sainte-Ruffine.

Les divisions Du Barail et Forton quittent leurs bivouacs vers une heure de l’après-midi, laissent leurs bagages au Ban-Saint-Martin, et se dirigent sur Gravelotte. Retardée en route par des encombremens, la division Du Barail arrive à Gravelotte vers cinq heures et bivouaque près de la Malmaison, au Sud de la route de Conflans. La division Forton atteint Gravelotte à sept heures du soir, et s’établit à l’Ouest du village.

Il y avait certainement de tous les côtés ce qu’il y a d’inévitable dans des troupes très serrées les unes contre les autres, des confusions, des enchevêtremens, des retards, mais enfin, tant bien que mal, tout finissait par marcher à la gauche. Il n’en était pas de même à la droite. Les bagages de Ladmirault embrouillaient tout ; son convoi, conduit, chose inouïe, par le chef d’état-major Osmont[1], se promène du débouché des Ponts à Longeville sur la route de Moulins et rétrograde de Longeville à Woippy, jetant la confusion partout et obstruant l’abord des routes de Lessy et de Lorry. Néanmoins, un peu d’ordre finit par se rétablir : le 3e corps d’armée franchit les ponts vers Lessy, et le 4e corps d’armée traverse l’ile Chambière ; la division Lorencez s’avance la première vers les hauteurs, suivie de la division Cissey et de la division Grenier. Cette dernière aurait dû être placée en position d’arrière-garde, entre le fort de Saint-Julien et la Moselle, appuyée au bois de Grimont, couverte par des tranchées-abris et des travaux de terre, protégée par ses quatre batteries de 12 : Ladmirault l’avait laissée à l’état de division de queue. Tout à coup elle entend le canon retentir derrière elle. Elle s’arrête.


VI

Les Allemands, quand leur IIIe armée eut franchi les Vosges, purent en concerter les mouvemens avec ceux de la Ire et de la IIe, qui s’avançaient vers la Moselle sans avoir rencontré aucun obstacle de notre part, Moltke aurait voulu nous

  1. Cette fonction de diriger le convoi est généralement remplie par le prévôt du corps d’armée, c’est-à-dire par un commandant ou un capitaine de gendarmerie.