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c’était au milieu d’elles qu’il devait se trouver. Dans les marches en avant, le général en chef doit être à l’avant ; dans les marches en retraite, il doit être en arrière-garde. De Borny, par l’état-major laissé à Metz, Bazaine pouvait diriger les mouvemens de la rive gauche ; de Metz, il n’aurait pu pourvoir rapidement aux imprévus qui menaçaient les positions risquées de la rive droite. Il répondit à Jarras que, son intention étant de se rendre auprès de l’Empereur vers le milieu de la journée, de là il lui donnerait ses instructions.

Ayant accepté vis-à-vis de l’Empereur sa subordination, Bazaine dut discuter avec lui la conduite stratégique qu’il adopterait. L’armée française était dans une situation d’attente. Canrobert n’était pas au complet, la cavalerie prussienne déjà à Nancy, Frouard, et Pont-à-Mousson, le 12 août, et le chemin de fer étant coupé, le 6e corps d’armée ne put arriver au complet à Metz et resta privé de trois régimens de sa 2e division, de la moitié de son artillerie divisionnaire, de toute son artillerie de réserve et de sa cavalerie. Deux brigades occupaient, l’une le fort Queuleu, l’autre le fort Saint-Julien, sur la rive droite ; le 4e corps d’armée (Ladmirault) à l’Est de Saint-Julien ; le 3e corps d’armée (Decaen) entre le fort Saint-Julien et le fort Queuleu ; la Garde en réserve, en deuxième ligne derrière le 3e et le 4e corps d’armée ; le 2e corps d’armée (Frossard) en échelon, derrière la droite du 3e corps d’armée.

Bazaine ne connaissait pas la véritable situation des Allemands. Le 11 août, il avait voulu introduire dans l’emploi de notre cavalerie la modification qu’au même instant, le prince Frédéric-Charles opérait dans la cavalerie allemande, et qui consisterait à revenir à la tradition de nos grandes guerres, de ne plus réduire les reconnaissances à de petites promenades autour des camps, de les lancer au loin afin d’explorer le terrain, de couvrir les mouvemens de l’armée, de préparer des vivres et des logemens. Ces instructions avaient été incomplètement exécutées, comme elles le furent d’abord dans l’armée du prince Frédéric-Charles et on n’avait recueilli que des renseignemens insuffisans. Cependant il fallait se décider.

Avisant au plus urgent, le 13 août, Bazaine avait visité toutes les lignes de Saint-Julien à Queuleu, ordonné des travaux de tranchées-abris, fait pratiquer des percées dans les massifs des bois qui masquaient les vues de l’artillerie. Il se rendit à Metz