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LA GUERRE DE 1870

LES BATAILLES SOUS METZ. — BORNY


I

Une étude très sérieuse de la journée de Forbach m’a donné la conviction que Bazaine avait été irréprochable ce jour-là. Je l’ai dit. Une étude encore plus approfondie de la bataille de Rezonville m’a conduit à la même conclusion et je le dirai. Mais il s’est prononcé un tel courant de réprobation contre le commandant en chef de l’armée du Rhin que tout jugement qui ne l’accable point parait suspect. Et, malgré les preuves matérielles sur lesquelles j’ai appuyé le mien, on a insinué qu’il était inspiré par des sentimens personnels : je défends « mon ami Bazaine. »

Or, je n’ai eu de ma vie aucune relation avec le maréchal. Je l’ai vu une seule fois dans un conseil de guerre tenu aux Tuileries la veille des obsèques de Victor Noir. Nous nous sommes salués de loin sans nous adresser un mot et je ne l’ai plus revu. Depuis, dans son livre, Épisodes de la guerre de 1870, j’ai trouvé des réflexions qui n’étaient pas de nature à me le rendre sympathique. Il dit de mon ministère : « L’Empereur venait de donner des preuves de son bon vouloir pour satisfaire les vœux du parti... lequel ? Je l’appellerai le parti du changement[1]. »

Passe pour cette réflexion. Un militaire n’est pas tenu de se

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