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de régler plus tard, les alliés balkaniques demandent, comme on dit, des précisions plus grandes. Curiosité bien naturelle ! N’importe : tant d’émotions calmées ont fait renaître l’espérance. Le danger de complications générales semble au moins provisoirement écarté. Il a paru si près de nous pendant quelques jours, si inquiétant, si menaçant, qu’on se demande comment il a pu s’évanouir si vite. Après cela, on veut croire, on croit que tout s’arrangera. Et enfin nous sommes habitués à tout.


Les Chambres sont rentrées en session le 6 mai : cette courte session peut être très utilement remplie, et nous espérons qu’elle le sera par la discussion et le vote de la loi militaire. Il n’y a pas d’affaire plus urgente. On a exprimé le regret que le gouvernement n’ait pas fait voter avant les vacances de Pâques au moins le principe du service de trois ans. Nous voulons bien partager ce regret, mais ce qui en diminue chez nous l’acuité, c’est que, si on en juge par l’expérience, les Chambres votent assez facilement les principes qu’on leur propose, mais ne se sentent pas toujours engagées par là à en accepter les conséquences. Combien de fois la Chambre des députés n’a-t-elle pas voté le principe de la Représentation proportionnelle ! La loi n’en est pas moins enlizée et peut-être assez mal en point.

Le gouvernement a fait mieux. A la veille de la rentrée parlementaire, M. le président du Conseil a prononcé deux discours, — le premier à Caen, le second à Paris devant des étudians, — dans lesquels, avec une netteté et une vigueur qui ne laissent rien à désirer, il a affirmé la nécessité du service de trois ans et déclaré que le Cabinet attacherait son sort à celui du projet. C’est tout ce que nous voulons retenir pour le moment du discours de M. Barthou à Caen, car il y a parlé d’autres choses encore sur lesquelles nous aurions à faire des réserves, par exemple de la défense de l’école laïque ; nous lui rendons toutefois la justice que la défense de la patrie lui a paru être aujourd’hui d’un intérêt plus pressant. D’autres avant lui avaient déjà parlé de la nécessité de revenir au service de trois ans ; personne ne l’avait fait en termes plus affirmatifs, ni plus résolus. Devant les étudians, M. Barthou était accompagné et assisté du vice-recteur de Paris. M. Liard s’est préoccupé avec grande raison des facilités qui, dans le nouveau régime militaire, pourraient être données aux jeunes gens voués aux études supérieures pour leur permettre de les continuer ou de les terminer. Rien de mieux sans nul doute, et M. le président du Conseil le pense comme M. Liard et comme nous ; mais il a paraphrasé