Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 15.djvu/460

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Avec, ou malgré cela, nous ne nous étonnerions qu’à moitié si vous preniez, à l’audition de l’œuvre de M. Ropartz, un plaisir... comment dirons-nous, plutôt austère. Cette musique est sombre et hautaine, elle est touffue et distante aussi. Elle se réserve et se renferme. Il lui manque la spontanéité, le don et l’abandon de soi, l’effusion et l’éclat, le charme et la grâce avenante. Assurément, cela n’est pas le Freischütz, ni même les Noces de Figaro. Que voulez-vous ! Nos musiciens d’aujourd’hui, fût-ce les meilleurs, ou du moins la plupart d’entre eux, semblent ne rien craindre autant que de nous faire plaisir. Il suffit de nommer les partitions les plus insignes, que d’ailleurs on les aime ou non, de notre temps : un Fervaal, un Pelléas, une Ariane et Barbe-Bleue, pour mesurer tout ce que leur nature, leur beauté même, comporte de tristesse et de sévérité, de ténèbres ou d’ombre. Ayons patience et ne nous lassons pas d’appeler de nos vœu : x le jour que souhaitait Gœthe, où le poing longtemps fermé s’ouvrira sous la caresse d’une main amie.


Avec un Amadis et une Cléopâtre, Panurge est l’une des trois œuvres inédites laissées par Massenet : œuvres de la dernière heure, de cette heure dont l’illustre musicien, malgré la maladie et la souffrance, fut, avec un rare courage, l’infatigable et vraiment héroïque ouvrier. La musique de Panurge est agréable, un peu mince. Il y aurait fallu surtout plus de gaieté.


CAMILLE BELLAIGUE.