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UNE MAISON FRANÇAISE[1]

J’ai toujours confessé le goût le plus vif pour ce mot de « maisons, » s’il s’applique aux familles qui, des siècles durant, se sont élevées sur notre terre. Le mot est très français tout d’abord ; car, à la mode française, il assimile immédiatement une race à son foyer. Il dit aussi très bien le long travail des générations apportant chacune sa pierre à l’édifice dont les aïeux ont posé les solides assises. Voici qu’après des siècles l’édifice se dresse auquel chacun a collaboré : c’est la Maison.

Comme notre France n’est, — et ce fut sa force, — qu’un agrégat de ces « maisons, » que, de chacune, à tous les âges, sont sortis les hommes qui ont aidé ce pays à naître, à grandir, à s’illustrer, il se trouve que, pénétrant l’histoire d’une d’entre elles, on va au fond de notre histoire nationale et que, partant, on est amené à la mieux comprendre.

José-Maria de Heredia, recevant, à l’Académie française M. le marquis de Vogüé, a trouvé une expression assez juste à cette pensée : « L’histoire d’une famille telle que la vôtre, minutieusement étudiée suivant le cours des siècles, serait comme un microcosme de l’histoire de France. » J’entends encore l’auteur des Trophées prononcer de sa voix chaude cette phrase flatteuse.

M. le marquis de Vogüé n’a pas voulu laisser à d’autres le soin de nous pencher sur ce « microcosme. » Il nous livre l’histoire de sa famille, primitivement écrite pour ses seuls petits-enfans, et dont des amis bien avisés l’ont engagé à nous faire profiter. Et nul en effet n’était plus désigné qu’un si bel historien doublé

  1. Une famille vivaroise, par le marquis de Vogüé, 2 vol. in-18 ; Honoré Champion.