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d’enfans, fontaine de jardin, par M. Peyre, la Petite Dame de la Mer, fontaine bronze et marbre vert, de Mlle Janet-Scudder. Enfin, le Groupe central pour une fontaine monumentale à Nantes, par M. Fernand David.

Cet ensemble d’œuvres décoratives, tendant au même objet, est d’un bon augure. Trop longtemps, les décorateurs se sont obstinés à la création d’un « style moderne » dont nous n’avions nul besoin et qui, manifestement, s’inspirait de l’Etranger. Souhaitons qu’ils comprennent toute la beauté nouvelle qu’on pourrait ajouter, hors des maisons, aux théâtres de verdure, en reprenant les traditions françaises. Précisément, une Société nouvelle s’est formée, celle des Amateurs des Jardins. Elle prépare à Bagatelle, sous l’invocation de Le Nôtre, une exposition, en plein air, de tout ce qui peut servir à décorer les parcs et aussi les modestes parterres de notre pays. L’initiative prise par M. Pierre Roche, au dernier Salon de l’avenue d’Antin, va ainsi projeter, au dehors du Grand Palais, un rayonnement fécond pour le renouveau de la statuaire décorative. C’est très bien, mais c’est très fatal au prestige du Salon. Et, en ce point comme en tous les autres, nous sommes ramenés à la réflexion qui ouvrait ces lignes : l’intérêt qu’on prenait jadis aux Salons est, une fois de plus, transporté à une exposition particulière.


II

Devant cet intérêt croissant des petits expositions et l’intérêt décroissant des Salons, une question se pose : « Que faudrait-il pour rendre à cette institution, vénérable et gracieuse, son prestige ? » La réponse est dictée par les faits : il suffirait, mais il faudrait qu’elle redevînt ce qu’elle était autrefois et ce que sont précisément toutes ces expositions qui tendent à l’éclipser. Il faudrait que ce fût un Salon fermé, quelque chose comme l’exposition des « Messieurs de l’Académie royale » qui se tenait autrefois dans le grand Salon du Louvre, sous l’autorité de M. Lenormand de Tournehem, ou bien de M. le marquis de Marigny.

À ce seul énoncé je sais bien que notre esprit critique proteste. Il proteste, parce qu’il conserve encore toutes les attitudes qui lui ont été suggérées par la lutte contre les méprises de