Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 15.djvu/403

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LES SALONS DE 1913
ET
LE SALON NÉCESSAIRE

Les temps sont proches où les Salons ne rendront plus les services pour lesquels on les fit. Ils ne les rendent déjà guère, semble-t-il, car, dans la série ininterrompue des expositions particulières, qui va du 1er janvier au 31 décembre, ils ne forment qu’un épisode marquant par son énormité plutôt que par son intérêt. Tous les artistes qui le peuvent exposent ailleurs qu’au Grand Palais. Tous les prétextes leur sont bons pour déserter leur société officielle : débuts d’un jeune peintre, œuvre complète d’un maitre, décoration commandée par un particulier, retour d’un artiste qui fut en exploration dans un pays lointain, groupemens de spécialistes ou de régionalistes, « unions » ou « sociétés » diverses ; — enfin, expositions de clubs, qui, pour les portraits tout au moins, sont de véritables répétitions générales de la représentation salonnière. Tout cela est public ou quasi public, et sur tout cela, les gazettes s’expliquent copieusement. Quand s’ouvrent les Salons officiels, les 15 avril et 1er mai, le public des amateurs a, déjà, vu presque tout ce qui pourrait l’intéresser. S’il s’inquiète de l’absence de tel ou tel maitre, on lui répond invariablement : « Il se réserve pour son exposition particulière... » Hors les sculpteurs, qui n’ont point, jusqu’ici, trouvé d’emplacement aussi favorable pour y dresser leurs monumens que le hall des Champs-Elysées, il n’est pas d’artiste, inconnu ou célèbre, qui ne rêve de se montrer hors du Salon, comme autrefois toute son ambition était d’y rester.