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Le Duc d’Orléans, avec des efforts inouïs, est parvenu à se vaincre pendant la cérémonie et pendant toute la journée qui précéda cette solennité. C’est lui qui s’approchait, de temps en temps, de sa sœur pour lui prêcher le courage ; mais, lorsque le moment arriva où la princesse, donnant le bras au roi des Belges, ne fut plus parmi les siens et se trouva entourée de sa nouvelle Cour, la force du Duc d’Orléans l’abandonna ; il fondit en larmes et ce ne fut que le lendemain qu’il reprit un peu plus de contenance.

Jamais famille ne fut plus unie que celle du roi des Français ; les sœurs et les frères s’aiment tendrement. Ils sont partagés dans la famille en ménages, d’après le degré de l’intimité qui règne entre eux ; ainsi on appelait le ménage d’Orléans la princesse Louise et le prince royal, le ménage de Nemours la princesse Marie et le Duc de Nemours, le ménage Joinville le prince de ce nom et sa sœur la princesse Clémentine. Le Duc d’Orléans se propose d’aller voir sa sœur à Bruxelles quinze jours après le départ de la princesse.

Les nouveaux mariés partent le 13 pour la Belgique. La princesse Marie est au désespoir du départ de sa sœur ; c’était son amie, elles ont été élevées ensemble, couchaient dans le même appartement, ne se quittaient jamais. Quel vide lui laissera ce départ ! Leur ancienne gouvernante, Mme de Malet, qui a été nommée depuis dame d’honneur de la princesse Marie, devait accompagner à Bruxelles la reine des Belges, mais elle est mourante de la poitrine. Ce n’est même qu’au prix du plus énergique effort qu’elle a pu assister à la cérémonie.


12 août. — Philippe d’Orléans est le père le plus tendre, l’époux le plus fidèle, le plus soigneux, le plus aimable, ne pensant, ne s’occupant que du bien-être de sa femme et de ses enfans. Rien n’est plus touchant que les rapports de ce prince avec sa famille ; c’est une union, une confiance sans bornes. Il ne se console pas du départ de sa chère Louise ; à chaque lettre qu’il reçoit d’elle, il pleure de joie et de regrets, de joie lorsqu’elle lui dit que le roi des Belges est tout soin, toute tendresse pour elle et qu’elle serait parfaitement heureuse si elle n’était point séparée de ceux qu’elle chérit. Elle tâche de consoler son père en lui disant que le mois d’octobre approche et que le bonheur du revoir compensera les douleurs de la séparation ;