Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 15.djvu/356

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mme de Caraman vient d’achever mon portrait, qui est très réussi et dont elle a fait hommage à l’ambassadrice.


12 juillet. — Madame Adélaïde a eu ces jours derniers une attaque assez forte de choléra. On est parvenu à la sauver, mais elle est d’une faiblesse extrême. Plusieurs personnes du château de Saint-Cloud en ont été atteintes, c’est ce qui fait que la princesse, sœur du Roi, ne veut pas qu’on sache que ce fut le choléra dont elle a souffert, afin de ne point effrayer le reste des habitans de Saint-Cloud.

On s’occupe beaucoup du trousseau de la princesse Louise, auquel le Roi consacre une somme de cinquante mille francs. Madame Adélaïde donne à sa nièce une parure en diamans de la valeur de cent mille francs. Le mariage se fera très prochainement. Le roi des Belges viendra à cet effet à Compiègne où les noces se célébreront dans la plus grande intimité et très bourgeoisement, ainsi que le prouve déjà le voyage du roi Léopold, qui vient lui-même chercher sa femme.


25 juillet. — J’ai passé ma soirée d’hier à Saint-Cloud, chez la Reine. Le Roi et toute sa famille s’y trouvaient réunis. Madame Adélaïde avait l’air un peu fatiguée de sa maladie et avait la parole plus traînante encore qu’à son ordinaire. La Reine était de fort bonne humeur, de même les princesses. Mademoiselle Louise d’Orléans exceptée. Elle avait la figure un peu allongée ; elle pensait à son futur et à son trône ; je ne lui ai parlé ni de l’un, ni de l’autre, Mme d’Hulst m’ayant prévenu qu’elle n’aimait pas à en parler et qu’elle pleurait à chaudes larmes lorsqu’il était question de la séparation d’avec sa famille.

La princesse Louise, sans être belle, a un extérieur fort agréable ; elle est bien faite, elle a une belle peau, de belles épaules, un beau bras, une jolie main et un charmant pied, ce qui fait un assez bel ensemble. Elle est de moyenne taille ; ses mouvemens sont gracieux, mais elle a des manières un peu trop froides, trop calculées pour son âge ; je n’ai jamais surpris chez elle le moindre abandon ; elle aime beaucoup la danse, mais elle cessera de danser dès qu’elle aura remarqué que le mouvement commence à déranger sa toilette ; elle est toujours en représentation lorsqu’elle est devant le monde. La princesse Marie m’a