Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 15.djvu/355

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’hier qu’on peut dater le règne de Louis-Philippe ; persuadé qu’on ne peut réussir dans ce pays qu’avec de la force, il n’agira plus autrement. »

Cet événement, si le Roi continue à aller ainsi, peut avoir les plus heureux résultats, non seulement pour la France, mais aussi pour toute l’Europe. Si l’on parvenait à détruire ici le foyer de la Révolution et de la propagande, nous aurions tout gagné.


22 juin. — Berryer avait été envoyé par le Comité carliste auprès de Madame la Duchesse de Berry pour la conjurer de quitter la France. Porteur d’un acte signé par les chefs du Comité, Chateaubriand, Bellune, Hyde de Neuville, Fitz-James, il fut arrêté avant d’avoir pu s’acquitter de sa mission. Interrogé par les magistrats, il perdit complètement la tête au point de dire des choses dont le gouvernement aurait tout autant aimé ne pas être instruit publiquement, car ces révélations l’obligeront à sévir avec rigueur contre des personnages considérables, sous peine d’être accusé par les Républicains de partialité pour les Carlistes.


30 juin. — La princesse Louise d’Orléans, qui va épouser le roi des Belges, est de taille moyenne, très blanche, d’un blond un peu pâle avec des yeux d’un bleu clair ; elle est douce, spirituelle ; elle ressemble de figure et de manières à la Reine dont elle est la favorite. Dans le monde, elle est la réserve même ; elle ne fera jamais la plus petite faute contre l’étiquette, elle ne sourira que lorsque ce sera tout à fait de convenance. Elle salue bien en observant les nuances avec un tact admirable. Elle voit tout, observe tout, sans avoir l’air de s’en occuper. Telle est son attitude dans le monde. Dans le salon de la Reine, dans l’intérieur, dans l’intimité, c’est une autre personne ; elle est rieuse, elle saute, elle est gaie, sa figure si pâle, si solennelle, s’anime ; elle est cordiale et affectueuse pour ses frères et sœurs, pour ses amis. Elle a du talent pour la musique et le dessin, elle excelle à trouver les ressemblances. Elle est occupée maintenant à faire les portraits de toute sa famille : les Ducs de Nemours et d’Aumale, et ses sœurs, Marie et Clémentine, ont déjà subi l’ennui des séances, qui n’ont pas été cependant trop nombreuses.