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pas à ce que les députés en entretinssent leurs électeurs : ce qui signifiait, sans doute, que la question serait posée sur le terrain électoral. C’est de cette déclaration que le parti socialiste n’a pas voulu se contenter au moment où il a commencé la grève : il s’en faut pourtant de bien peu que ce soit de celle-là même qu’il s’est contenté pour la terminer. La Chambre a voté, avec l’adhésion du gouvernement, un ordre du jour qui reprenait, sans y changer grand’chose, ces déclarations de M. de Broqueville et qui se terminait par la condamnation de la grève générale. Le parti socialiste a trouvé là, au moins pour le moment, une satisfaction suffisante et la grève a pris fin, non sans avoir coûté très cher aux ouvriers qui l’ont faite et au pays qui l’a subie. On aurait, semble-t-il, pu en faire l’économie. Elle a causé, pendant quelques jours, des préoccupations très sérieuses et elle laisse pour l’avenir un exemple très dangereux.

En somme, ni d’un côté, ni de l’autre, on n’a poussé les choses tout à fait à bout et l’ordre du jour voté par la Chambre indique la possibihté d’une solution plutôt que cette solution elle-même. Mais on s’était engagé dans une mauvaise voie et c’est sagesse de n’y avoir pas persisté. Le gouvernement a obtenu ce qu’il voulait, à savoir la cessation de la grève devant une parole de bonne volonté, qui le laisse libre de ses déterminations futures. Il est néanmoins à croire qu’il tiendra compte de l’épreuve qu’il vient de traverser et que la loi électorale ne sera plus considérée par lui comme intangible, puisqu’il a admis l’hypothèse qu’elle pourrait être le résultat d’une « formule meilleure. »

Francis Charmes.
Le Directeur-Gérant,
Francis Charmes.