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REVUE SCIENTIFIQUE

AUX DEUX SOMMETS DE LA PLANÈTE

Pour bien comprendre l’œuvre des expéditions diverses qui ont réalisé dans ces dernières années la conquête de la calotte polaire boréale de la Terre, pour pouvoir classer commodément et départager les idées théoriques variées et les nécessités géographiques qui leur ont donné des physionomies si diverses, le plus simple est de considérer cette calotte polaire comme divisée en quatre secteurs égaux et convergeant au pôle, à peu près, — si on veut me permettre cette comparaison, — comme les quartiers d’une orange convergent vers son sommet. Deux de ces secteurs sont au Nord de l’Amérique ; celui qui prolonge vers le pôle l’Amérique occidentale et l’Alaska est resté jusqu’ici à peu près en dehors des trajets suivis vers le pôle, sinon de ceux qui ont eu pour objet le passage du Nord-Ouest ; nous le négligerons pour l’instant. Nous réserverons donc le nom de secteur américain au second qui comprend la plus grande partie de l’archipel Nord-Américain, le Groenland et ses annexes et se termine sur le méridien de l’Islande. Faisant face à ces deux secteurs nous en avons deux autres qui sont au Nord du vieux continent : le premier, que nous appellerons secteur européen, s’étend au delà de la mer du Nord, de la Scandinavie et de la Sibérie orientale ; l’autre que l’on peut nommer secteur asiatique s’étend au Nord du reste de l’Asie et se termine au détroit de Behring.

Toutes les expéditions lancées à la découverte du pôle peuvent être rangées dans l’un de ces trois secteurs qui, géographiquement et scientifiquement, correspondent à des circonstances fort différentes ; et nous