Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 15.djvu/169

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la salle du trône. Le tapis est changé, les tentures aussi ; plus de fleurs de lis, plus d’armoiries de France nulle part, du velours cramoisi uni et voilà tout. Le Roi, en uniforme de garde national, avec ses aides de camp pour tout cortège, puis la Reine avec Mme de Dolomieu, puis Madame Adélaïde avec Mme de Montjoie, puis les trois princesses avec leur gouvernante, puis le Duc d’Orléans avec le général Baudrand et le Duc de Nemours avec son gouverneur. Toute la famille était donc entassée dans la même pièce. Le Roi, dans son discours, eut l’air de s’excuser auprès du Corps diplomatique d’être venu habiter l’ancien palais du roi Charles X et il rappela que l’empereur d’Autriche le lui avait conseillé.

Le Duc d’Orléans occupe l’appartement de Mme la Duchesse de Berry, la Reine celui de Mme la Dauphine, le Roi celui du Dauphin et Madame Adélaïde s’est réservé les chambres que Mme de Damas et les autres dames d’honneur occupaient sous Charles X et qui, sous l’Empire, composaient l’appartement du Roi de Rome ; les autres princes et princesses sont logés dans les appartemens des Enfans de France et de Mme de Gontaut. Le prince royal reçoit dans les appartemens de Charles X ; la chambre à coucher de ce roi a été convertie en salle de billard, son cabinet et sa bibliothèque servent aujourd’hui de chambres de passage, et la chambre à coucher de parade d’autrefois est le salon de la Reine où elle se tient tous les jours. Ils n’ont d’autre salle à manger que la galerie de Diane, ce qui fait qu’en la traversant le soir pour faire visite à la Reine, on a toute l’odeur du manger, ce qui ne laisse pas d’être fort incommode. Le Roi passe une partie de sa soirée dans le salon de la Reine ; le Duc d’Orléans s’est émancipé depuis quelque temps et se dispense de pareil ennui.

La table ronde du Palais royal est placée dans un coin de la chambre, entre la cheminée et l’endroit où se trouvait le lit des rois de France. Le soleil de Louis XIV, avec la légende Nec pluribus impar, est resté intact. La tenture de cette pièce est d’un gros vert en satin broché d’or dans des encadremens en bois doré et richement ciselé ; le plafond en voûte est surchargé de dorures et d’ornemens qui nuisent aux belles peintures, la plupart allégoriques, en rapport avec la première destination de cette pièce. Le tapis fleurdelisé a disparu de cette salle comme des autres, et on l’a remplacé par celui que Napoléon y