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attroupement au Palais-Royal ; on avait annoncé d’avance le tumulte, ce qui fait qu’on s’y est rendu pour le voir ; cela n’était pas grand’chose, on n’a presque pas fait de résistance. Tout le monde a couru à toutes jambes ; les cris d’hier ont été encore répétés, tout cela durera encore quelques jours.

La nouvelle importante qui vient de nous arriver en ce moment résout non seulement la question du Ministère, mais va en soulever bien d’autres encore. La guerre est déclarée par la Hollande à la Belgique. Déjà les premières hostilités ont commencé. Le roi des Belges a demandé des secours à la France. Louis-Philippe les lui a accordés et a donné le commandement de l’armée du Nord au maréchal Gérard. Le Ministère n’est pas dissous et il attendra tranquillement l’adresse de la Chambre au Roi.

Voilà donc le brandon de la guerre jeté. L’armée française se trouve forte de 50 000 hommes et celle du roi de Hollande est de 60 000. L’armée du roi Léopold ne compte presque pour rien, tant elle est peu disciplinée ; on craint même ici qu’il ne soit battu avant que l’armée française n’arrive. Elle fait cependant diligence pour arriver à temps. Les Ducs d’Orléans et de Nemours sont déjà partis pour Maubeuge ; le maréchal Gérard va à Bruxelles pour réunir et organiser, si faire se peut, les troupes belges. On se flatte ici que tout sera fini en huit marches.

En attendant, les difficultés intérieures sont aplanies comme d’un coup de baguette : le Ministère reste ; l’adresse, au lieu d’être mauvaise, sera bonne ; les émeutes qui devaient continuer tous les soirs sous les croisées du Roi vont cesser ; tous les budgets du monde seront votés, car l’affaire de la Belgique, les protocoles et la conférence de Londres, enfin toutes les questions les plus critiques pour le gouvernement se trouvent résolues maintenant. Les fonds ont pourtant fléchi de 5 francs. Si cette guerre est terminée en huit marches, elle consolidera beaucoup Louis-Philippe.

Il y a des personnes ici qui disent que le roi de Hollande a raison de faire la guerre en ce moment, car de cette manière il se met en état de traiter avec la France et les autres puissances, ce qui lui assurera une situation toujours plus favorable que celle dans laquelle il se trouvait et qui ne pouvait se prolonger, à cause des immenses dépenses auxquelles il était entraîné.