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un sourire des plus malicieux sur ses lèvres, dit au général :

— Rien qu’un passeport, monseigneur, un passeport, voilà tout ce que j’espère de la bienveillance de Votre Excellence.

Et il se retira.


13 juillet. — En vue de la célébration de l’anniversaire des journées de Juillet, les chapeliers ont fabriqué des bonnets phrygiens rouges à l’instar de celui de 93. Pour les mettre à la portée de tout le monde, le prix en a été fixé de trente sous à quinze francs.

On a déjà saisi plusieurs arbres de la liberté, ils sont tous à la police ; il faudrait être bien adroit pour en trouver un pour demain. Les mesures que le gouvernement prend sont vraiment imposantes. J’espère donc que nous n’aurons point de troubles sérieux.


15 juillet. — J’ai tant couru hier, que, le soir, je n’en pouvais plus. Nous avons passé la journée fort tranquillement ; il y a bien eu quelques attroupemens et quelques charges ; on a tué des individus dans les Champs-Elysées, qui essayaient d’abattre un arbre pour le planter en l’honneur de la liberté ; mais il y a eu tant de troupes de ligne, tant de gardes nationaux sur toutes les places qu’il n’y avait pas moyen de tenter la moindre des choses.

J’ai vu la charge aux Champs-Elysées et j’ai passé de là par les rues et boulevards jusqu’à la place de l’ancienne Bastille et de là, par la rue Saint-Antoine, dans le Marais et sur la place Royale. Partout quantité de troupes, foule de spectateurs curieux, mais rien de sinistre ni de mauvais augure. Le soir tout est rentré dans l’ordre accoutumé. Dieu veuille que l’ouverture de la Chambre et les glorieuses journées surtout se passent ainsi.

Notre cousine, pour éviter le bruit des canons des Invalides qui, depuis quatre heures du matin jusqu’après le coucher du Soleil, tireront de quart d’heure en quart d’heure, ira passer les trois journées à Saint-Germain.


21 juillet. — Nous attendons avec calme l’accomplissement du programme des fêtes, réjouissances et tristesses qui auront