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Charles X. Je ne connaissais donc ni le parc particulier, ni les autres promenades ; le parc réservé surtout est ravissant.

— Je partage entièrement l’opinion de Votre Altesse Royale sous ce rapport ; le parc d’en haut est une des plus belles choses qu’on puisse voir.

— Mais, reprit Madame Adélaïde, je doute que vous l’ayez jamais vu, car il n’est ouvert pour personne.

— Je le sais bien, Madame, et ce n’est que par une protection toute particulière de Madame la Dauphine, que je suis parvenu à le voir, lors du séjour de la princesse Esterhazy au pavillon Breteuil.

— En ce qui concerne le château de Saint-Cloud lui-même, poursuivit la princesse, les autres le trouvent humide ; je devrais cependant m’en apercevoir, puisque je loge au rez-de-chaussée.

L’appartement que la Reine occupe maintenant était celui du Dauphin et consiste en un grand vestibule, une salle de passage, un premier salon, un second où se trouve la Reine avec sa famille placée comme toujours autour de la table ronde, près la cheminée, et enfin d’une salle de billard où messieurs les aides de camp se tiennent avec le Duc d’Orléans.

Après avoir fait mes conversations avec chacun des membres de la famille royale et Mme de Montjoye et de Chantérac, j’ai passé chez le prince royal qui jouait au billard avec un aide de camp. Celui-ci voulait à toute force me céder sa place ; mais je la déclinai avec politesse, malgré les invitations du duc, non parce qu’il m’en imposait par son adresse, mais de peur de devoir prolonger par là trop longtemps ma visite. J’avais encore un bal à Paris où je ne voulais point arriver trop tard.

Mme la Duchesse de Berry se trouve en ce moment à Bath, les eaux lui font un bien extrême, mais elle manque de tout ; elle n’a ni domestique, ni femme de chambre. Le domestique de M. de Mesnard fait en même temps que le service de son maître celui de Son Altesse Royale, et lorsque M. de Mesnard est en course, une femme de peine de l’auberge le remplace. La princesse n’a point de voiture et souvent pas de souliers à mettre. Je tiens ces détails d’une source très sûre. Rosny et tout ce qu’elle possède en France ne suffit pas pour payer ses dettes, et sa fortune de Naples consiste en 10 000 francs de rentes ; avec cela, elle vit dans la plus mauvaise intelligence avec le roi