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Cet instinct mécanique qui est chez l’homme avait fait découvrir des secrets, mais tout ce qui est le fruit d’une étude sérieuse des mathématiques manquait jusqu’à Galilée.


Les Florentins avaient été les restaurateurs de la poésie, de l’éloquence et de la peinture au XIVe siècle, ils furent les pères de la philosophie à la fin du XVIe siècle. Galilée inventa dans Padoue, vers 1597, le compas de proportion qui fait aujourd’hui la pièce principale de nos étuis de mathématiques, invention aussi utile qu’ingénieuse et par laquelle vous pouvez tout d’un coup construire des figures planes et solides, régulières, dans la proportion qu’il vous plaît. On lit encore dans quelques-uns de nos livres modernes que c’est à un Milanais nommé Balthazar Capra qu’on doit cette invention. Ces écrivains modernes ne servent qu’à faire voir combien Galilée eut raison de s’assurer juridiquement la possession de son ouvrage et de sa gloire. Il força ce Balthazar Capra de comparaître à Venise devant les curateurs de l’Université de Padoue, et là, en présence de tous les savans, et surtout du célèbre fra Paolo Sarpi, non moins bon mathématicien qu’historien excellent dans un nouveau genre, Capra, interrogé et confondu, fut obligé d’avouer qu’il s’était attribué les inventions de Galilée, lesquelles même il n’entendait pas. On le convainquit d’être un plagiaire et un calomniateur, et il fut rendu un jugement solennel par lequel on saisit tous les exemplaires de son livre. On voulut plus d’une fois ravir à Galilée la gloire de ses découvertes, et il ne parait pas qu’il s’attribuât ce qui ne lui appartenait point. Les télescopes étaient récemment inventés en Hollande, par Jacques Metius vers l’an 1609. Galilée avoue qu’il y avait déjà dix mois qu’on avait fait cette découverte, lorsqu’un Français qui avait été son écolier à Padoue lui en confirma la nouvelle de laquelle on doutait beaucoup en Italie. Galilée, mis sur la voie, devait aller plus loin qu’un autre. Il fit travailler des verres à l’aide desquels le disque de la lune paraissait quatre-vingt-dix fois plus grand qu’à la simple vue. Ce fut là l’époque d’une astronomie nouvelle, les hommes enfin connurent le ciel autant qu’ils le peuvent connaître, et dès ce moment, on alla de découverte en découverte jusqu’au comble de cette science où on est parvenu.

Alors nos sens nous apprirent que la lune est un globe