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les former et qui ne peuvent servir qu’au même livre. Jean Faustus de Mayence et Pierre Scheffer apportèrent à Paris en 1466, du temps de Louis XI, plusieurs livres imprimés. Qui croirait qu’ils furent accusés de magie devant le Parlement par des membres de l’Université ? Le fait est pourtant certain ; ils furent obligés de s’enfuir, et si les juges n’avaient pas appris que leurs Bibles étaient un effet du nouvel art trouvé en Allemagne, la même ignorance qui les fit accuser, les eût fait aussi probablement condamner. Rome fut la première à faire fleurir un art qui devait lui être un jour si pernicieux par la multitude des livres imprimés contre elle. Paul second en 1466 appela des imprimeurs allemands à Rome. Les Italiens n’avaient encore rien appris des autres peuples de la communion latine et ce fut...

Quoique l’art d’écrire et tous les genres de poésie fussent cultivés en Italie avec tant de succès, la musique n’avait pas fait le même progrès, mais dès l’onzième siècle, 1024, par cette destinée qui devait rétablir tant d’arts par les mains des Toscans, Guy d’Arezzo avait rendu cet art plus aisé par l’invention de notre manière de noter. Le nombre des musiciens qui étaient au concile de Constance au XIVe siècle fait voir que l’art était en beaucoup de mains.

Il y avait même depuis longtemps parmi les chants d’église quelques-uns de ces airs agréables qui sont du goût de toutes les nations comme l’hymne de Pâques O Filii, et celle du Saint-Sacrement.

La saine physique était inconnue par toute la terre. Ce n’est pas que les hommes fussent plongés dans l’ignorance totale des mécaniques. L’invention seule des moulins à vent, qui est du XIIe siècle ou de la fin du douzième, celle des besicles, celle de la poudre, la fonte des canons, les manufactures de tapisserie, tant d’autres ouvrages prouvent que cette partie de la physique, qui consiste dans l’expérience ou dans les mécaniques, était cultivée. On savait beaucoup pour l’utilité, mais peu pour la curiosité. On connaissait quelques effets et point de causes. L’envie de savoir, qui est un des besoins des hommes, était trompée. On n’arrivait point au but parce qu’on avait été toujours dans des routes fausses...

La philosophie scolastique rendait inutiles au monde beaucoup de bons esprits qui s’égaraient dans de vaines disputes...