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se trouva dans l’Italie, car depuis le Bramante jusqu’au cavalier Bernin. il y eut toujours des maîtres de l’art chargés par les papes des embellissemens de cet édifice.

Une seule chose suffit pour le faire admirer ; c’est que Michel-Ange, en voyant un jour à Rome le temple du Panthéon de la Rotonde, dont on louait le jet et les proportions, dit : Je mettrai ce temple en l’air et je le renverserai pour servir de dôme à Saint-Pierre. En effet le dôme de Saint-Pierre porté sur quatre colonnes qui sont énormes sans le paraître est à peu près dans les mêmes dimensions que le Panthéon.

Un autre art qui est un des enfans du dessin, celui de multiplier les tableaux à l’aide de la gravure, entièrement ignoré de l’antiquité, naquit aussi en Italie au milieu de tous ces beaux arts, vers l’an 1460. Les Florentins eurent encore l’honneur de cette belle et utile invention : Maso Finiguerra, graveur et orfèvre, ayant frotté ses moules de noir et d’huile et ayant passé sur ces empreintes un papier humide qu’il pressait avec un rouleau en tira les premières estampes. Ensuite, on grava en taille-douce sur le bois, puis sur le cuivre avec l’eau-forte, et enfin en polissant avec le burin ce que l’eau-forte a dessiné sur la planche.. Cette invention a non seulement éternisé, fait revivre à jamais des tableaux et des statues que le temps a détruits, orné à peu de frais tous les cabinets, répandu partout le goût du dessin, mais c’est encore un de ses grands services de perfectionner la géographie, en rendant les cartes plus communes et en les préservant des fautes inévitables des copistes.

Mais de tous les arts, le plus utile à l’avancement de l’esprit humain naissait alors en Allemagne. L’imprimerie qui de la Chine n’avait passé dans aucun peuple du monde fut trouvée en Europe par un gentilhomme nommé Gutemberg qui vivait tantôt à Strasbourg et tantôt à Mayence. On ne pouvait pas mieux réparer la honte de ceux qui se disaient nobles et qui regardaient leur ignorance comme un titre de noblesse. Les premières impressions furent faites avec des planches gravées et vers l’an 1450, quelques années avant que l’art des estampes fût inventé, sans qu’on puisse dire que l’art des estampes fût dû à celui de l’imprimerie.

D’abord, on n’imprima que de la façon que les Chinois mettent encore en usage aujourd’hui avec des caractères taillés dans les planches, lesquels demandent une main très habile à