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des Dominiquin, et d’une foule d’autres artistes excellens.

Il manquait à l’art de peinture avant Michel-Ange et Raphaël un secret nécessaire pour conserver longtemps les tableaux et pour donner aux couleurs plus d’union, de douceur et de force. Un Flamand, nommé Jean de Bruges, trouva dans le XVe siècle cet heureux secret qui ne consiste qu’à broyer les couleurs avec de l’huile. C’est tout ce que l’industrie des autres Européens contribua pour lors à la perfection de l’art.

Immédiatement après la renaissance de la peinture, l’Italie vit aussi la sculpture reparaître. Elle avait de bons sculpteurs dès le XIVe siècle, et au milieu du XVe le Pisanello, né aussi à Florence, ornait l’Italie de ses statues. La gravure et l’art des médailles qui tiennent si naturellement à la sculpture fleurissaient sous le burin de ce même Pisanello qui grava les médailles d’Alphonse, roi de Naples, du pape Martin V et du grand Mahomet second, conquérant de Constantinople et amateur des arts : les intaglie et les reliefs sur les pierres précieuses commencèrent alors à imiter l’antique, et, au XVIe siècle, l’antique fut égalé.

L’art de fortifier les villes contre le canon fut réduit en méthode régulière.

L’architecture ne pouvait rester toujours grossière quand tout ce qui dépend du dessin se perfectionnait. On commença dans le XIVe siècle à orner le gothique. On n’en savait pas assez pour le proscrire tout d’un coup, mais au commencement du XVIe siècle les dessins du Bramante et de Michel-Ange portèrent l’architecture à un degré de grandeur et de beauté qui effacent tout ce que la magnificence des anciens Romains, le goût des Grecs et les richesses asiatiques avaient produit. Le pape Jules second eut la gloire de vouloir que Saint-Pierre de Rome surpassât Sainte-Sophie de Constantinople et tous les édifices du monde, gloire qui semble devoir être médiocre, mais qui est très grande, parce que rien n’est si rare que des princes qui veulent efficacement de grandes choses. Jules second avait encore en cela un autre mérite, c’était le courage d’entreprendre ce qu’il ne pouvait jamais voir fini. Les fondemens de cette merveille du monde furent jetés en 1507 et un siècle entier suffit à peine pour achever l’ouvrage. Il fallait une suite de pontifes qui eussent tous la même noblesse d’ambition, des ministres animés d’un même esprit, des artistes dignes de les seconder, et tout cela