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bien. Et nous avons cherché ainsi. Dans les scènes d’intérieur, dans la salle à manger du vieux Van Hulle, dans l’atelier de Joris, il y a des coins, d’ombre ou de clair-obscur, assez agréables. Auditeurs ou lecteurs, ne soyez point tout à fait insensibles à la rêverie de Godelieve assise et travaillant près de sa fenêtre (premier acte). Plus loin, le très long dialogue d’amour (il dure deux tableaux), entre Godelieve et Joris, contient aussi quelques passages : tantôt un mouvement, tantôt au contraire une accalmie, une halte, qui ne manquent pas, celui-là de justesse et celle-ci de douceur. N’importe, comme disait l’autre, notre remarque, ou nos remarques subsistent.


Un des jouets que les enfans désirent et demandent avec le plus d’ardeur, c’est un théâtre, « un beau théâtre. » Tous les musiciens de Paris, c’est-à-dire les Parisiens qui aiment, ceux qui croient aimer et ceux qui feignent d’aimer la musique, formaient depuis longtemps le même vœu. M. Gabriel Astruc y a répondu. C’est un beau théâtre, d’une beauté simple, sobre, harmonieuse, que le Théâtre des Champs-Elysées. C’est également — ô merveille ! — un théâtre commode, confortable, et qui fait à toutes nos aises leur part. Les deux spectacles d’inauguration comprenaient le Benvenuto Cellini de Berlioz et le Freischütz, le Freischütz véritable (autre surprise). Nous parlerons le mois prochain de ces deux œuvres, également romantiques, mais différemment. Honorable, rien de plus, et quelquefois un peu moins, parut tel ou tel interprète. Mais il y eut une interprétation générale, admirable d’intelligence et de sensibilité, de puissance et de grâce : M. Félix Weingartner. l’illustre chef d’orchestre, en fut l’auteur.


CAMILLE BELLAIGUE.