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années après par le général Michaud, dans une lettre que, très probablement, il détruisit en même temps que d’autres papiers de son frère.

Il est bien difficile de ne pas voir dans les circonstances que nous rappelons la preuve des faits rapportés par le général Michaud. On les a cependant contestés. On est allé jusqu’à mettre en doute sa présence à Rome en 1825. Elle n’est pas mentionnée sur les registres de l’ambassade de Russie au Vatican, conservés dans les archives russes, et du silence des registres on tirait cette conclusion que Michaud n’avait pas été présenté à Léon XII. Mais, si les archives russes sont muettes, les archives du Saint-Siège ont parlé, et le cardinal Rampolla y a découvert des lettres en date de novembre et décembre 1825, échangées entre le ministre plénipotentiaire de Russie au Vatican, le chevalier d’Italinsky, et le secrétaire d’État romain, le cardinal della Somaglia, relatives à l’audience demandée par Michaud et accordée par Léon XII. Il n’est donc pas douteux que l’aide de camp du Tsar a été envoyé à Rome par son maître, porteur d’un message verbal pour le Saint-Père auprès duquel il s’en est acquitté. Quel était ce message ? Les traditions du Vatican et les déclarations du messager nous le disent et, si nous ne possédons pas d’autre source d’informations, il faut cependant convenir que les détails qu’on nous en donne ont toutes les apparences de la vérité.

Je reconnais cependant qu’en l’absence de documens plus décisifs et en matière historique, la parole d’un seul ne suffisant pas, il sera toujours possible de contester la réalité du curieux événement dont Michaud a été l’unique narrateur. Ce n’est pas la première fois que l’histoire du passé nous offre des problèmes qui ne seront jamais entièrement élucidés. Il en sera de celui-ci comme de beaucoup d’autres : il restera dans l’histoire d’Alexandre Ier, accompagné d’un point d’interrogation, avec cette circonstance cependant qu’il a pour lui la vraisemblance.

Je n’en dirai pas autant d’un fait subséquent dont a témoigné la duchesse de Laval-Montmorency dans la note signée d’elle à laquelle j’ai fait allusion plus haut. Elle écrit dans cette note :

« D’autre part, j’ai appris de source certaine que l’empereur Alexandre, dans sa dernière maladie, a été assisté par un moine grec-uni ; et, à son lit de mort, il avait confié à l’Impératrice