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Les dépenses militaires ont marché de pair en Allemagne avec le relèvement numérique, non pas seulement parce que des troupes plus nombreuses exigeaient des frais d’entretien plus considérables, mais surtout parce que des efforts budgétaires particuliers étaient jugés nécessaires en raison même de la réduction du service.

C’est ainsi que les « mesures de compensation » demandées par le général Von Einem au Reichstag en 1905 comportaient une augmentation de l’effectif sous-officiers, du nombre des chevaux dans les batteries montées, des allocations plus copieuses de cartouches, la création de stands et de camps d’instruction. Sur ce dernier point, le programme suivi datait de 1893 ; il s’agissait d’y consacrer encore une fois la même somme, — 120 millions à peu près, — affectée déjà à ce chapitre au cours de la période décennale, précédente. La question du réarmement, au contraire, était toute nouvelle, en raison du retard créé par l’adoption malencontreuse, en 1896, du canon de 77 millimètres à tir accéléré. La distribution de la bouche à feu neuer Art (nouveau modèle) commença en 1906 et l’artillerie allemande, largement distancée par la nôtre, entra dans une période d’étude et de transformation qui s’achève à peine aujourd’hui. A l’obusier de 105 millimètres modèle 1898, dont il existe dans chaque corps d’armée un groupe, à l’obusier de 15 centimètres, servi par un bataillon spécial, on a vu s’ajouter depuis d’autres dotations matérielles, destinées cette fois aux trains d’armées : l’obusier de 15 centimètres encore, le mortier de 21 centimètres modèle 1908 ; on y verra demain le canon de 10 centimètres à tir rapide modèle 1904, le canon de 13 centimètres à grande portée. Selon les calculs de notre Revue militaire des armées étrangères, plus de 160 millions de francs ont été affectés depuis 1900 à ces bouches à feu.

L’armement une fois mis en service, les lots de munitions constitués à 385 coups par pièce dans le corps d’armée, on s’occupa plus spécialement de développer les formations auxiliaires et de compléter l’outillage technique. C’est ainsi qu’il a été dépensé depuis 1907 : pour l’aviation et les troupes de communication, 34 millions ; pour la télégraphie, 12 millions ; pour le matériel du génie, 12 millions, etc. Rien que dans le cadre du