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Les indications négatives que cette première expérience a données sont encore présentes à l’esprit des anciens militaires quand, en 1890, la question du service de deux ans s’agite pour la seconde fois. Le gouvernement ne passera donc à un nouvel essai qu’après s’être entouré de minutieuses mesures préparatoires, relatives à la division du territoire au point de vue du recrutement, aux promotions supplémentaires d’officiers dans les écoles, aux rengagemens des sous-officiers. Il songe même à modifier le mécanisme de l’incorporation et à partager chaque classe en deux fractions qu’on appellerait l’une après l’autre à six mois d’intervalle. On assurerait ainsi, à toute heure, la prépondérance numérique des anciens soldats sur les recrues, et l’encadrement y gagnerait, mais l’instruction militaire pourrait en souffrir. Pour qu’elle se fasse, au contraire, avec l’unité et la facilité désirables, on en vient finalement à cette conclusion, développée par le ministre devant le Reichstag en 1893 : qu’il faut « avant tout augmenter les effectifs à l’intérieur des unités. » La brusque élévation des contingens, passée d’un coup de 175 000 hommes à 229 000, rendra cet accroissement facile, et ce ne sera qu’après avoir prélevé à cette fin sur chacun d’eux 34 000 hommes, qu’on pourra employer le reste de l’excédent (20 000 hommes) à élargir un peu le cadre.

Depuis, l’administration militaire allemande s’est conformée sans cesse au même principe : elle renforce, plutôt qu’elle n’étend ; elle n’augmente jamais le volume au détriment de la qualité. C’est ainsi que les 173 demi-bataillons formés en 1893 n’étaient encore que des doublures par rapport aux unités anciennes : leur rôle devait être de soulager les trois bataillons auxquels ils seraient accolés, en assurant certaines parties spéciales du service et en fournissant la majeure partie des hommes détachés. Cet essai, jugé malheureux, prit fin dès 1896. Par la consolidation des 173 demi-bataillons en 86 bataillons, par la création de 19 états-majors de brigade, de 42 états-majors de régiment (1er avril 1897), on eut alors sous la main les élémens de formations militaires plus importantes. Celles-ci prirent naissance (25 mars 1899), par le dédoublement des corps d’armée à trois divisions (Xie, XIIe, IIe bavarois), et ce furent les trois nouveaux corps numérotés : XVIIIe, XIXe (2e saxon) et IIIe bavarois. Mais toujours le nombre des petites unités surpassait celui des grandes ; et tandis que 578 bataillons