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de diverses catégories ; le total-soldats se fixe ainsi à 407 857 hommes. Grossi enfin de 40 200 gradés et hommes de troupe rengagés ou commissionnés, il porte le total-troupes à 448 057 hommes.

Cette somme se retrouverait sensiblement la même d’année en année, puisque les contingens annuels varient peu ; la fraction du corps colonial présente en France ne relèverait pas beaucoup plus haut que 460 000 hommes. Cependant, par l’effet de l’incorporation prochaine, l’effectif-soldats allemand dépassera 640 000 hommes. Avec 100 000 sous-officiers, 17 000 engagés volontaires d’un an, non comptés budgétairement, et 3 000 ouvriers assimilables pour nous à des soldats, car nous prélevons sur notre personnel armé un nombre d’employés correspondant, le total-troupes dépassera 760 000 hommes.

Le rapport de 460 000 à 760 000 est loin de cette égalité à laquelle nous prétendions encore il y a dix ans. Il est bien inférieur à la proportion des 4/5 qui correspond à notre charge proportionnelle ; d’après la répartition probable de l’armée allemande entre les deux théâtres de l’Est et de l’Ouest. Il l’est même à celle des 2/3, qui existe entre les chiffres globaux des deux populations ; mais il descendrait plus bas encore en 1916, le total-troupes allemand ayant monté dans l’intervalle jusqu’à 828 000 hommes, par un accroissement de 62 000 soldats, engagés, employés et de 6 000 sous-officiers. Notre infériorité numérique qui, tout à l’heure, sur le terrain des contingens, paraissait n’être que de 300 000 hommes, serait alors de 368 000 sous-officiers et soldats ; elle s’accentuerait davantage si l’on prenait en compte les officiers, et d’une manière d’autant plus sensible, qu’il ne s’agirait plus cette fois de l’encadrement, mais du commandement.

Est-ce à dire que nous sommes distancés sans remède, que nous devons nous résigner à notre retard et faire à la suite de Berlin une politique à la remorque, proportionnée à la faiblesse de nos effectifs ? Non, car en gardant sous les drapeaux la classe libérable, au moment où nous incorporons nos recrues, nous tenons encore tête à l’ambition allemande, emportée dans un brusque entrain d’impérialisme par l’accélération que lui donne sa natalité d’il y a vingt ans. Cette troisième classe pourrait s’abaisser, peu à peu, par l’effet des invalidités et des maladies, jusqu’à 170 000 hommes. Elle en perdrait environ 50 000 par