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par voie d’engagement volontaire, un contingent permanent qui aurait relevé d’autant l’état précaire de nos effectifs. Au 31 décembre dernier, le chiffre de ce contingent permanent n’était que de 38 650 hommes pour toute la métropole, et il tendait depuis quelque temps à fléchir ; on se plaignait en outre dans les régimens que les engagés de 4 et 5 ans fussent trop souvent des sujets d’une moralité douteuse, bons à être évacués au plus court vers les compagnies de discipline.

Ces mécomptes étaient particulièrement fâcheux pour notre cavalerie, la seule de toute l’Europe à laquelle on ait osé appliquer le service de deux ans. Elle aurait éprouvé un besoin impérieux de soldats de long service pour former le premier rang de ses escadrons, instruire ses recrues, dresser ses chevaux, et cependant elle avait vu le chiffre de ses engagemens volontaires passer de 7 328 en 1909 à 5 010 en 1910, à 4 666 en 1911 ; celui de ses rengagés et commissionnés (sous-officiers non compris) descendre lui-même de 4 384 en 1910 à 4 328 en 1911, à 3 791 en 1912.


C’est dire que l’effectif permanent ne s’accroît pas chez nous, mais périclite, et que l’inégalité déjà constatée plus haut entre les contingens ne pourra que s’accentuer, si l’on embrasse maintenant dans une comparaison générale toutes les catégories qui composent la troupe. Il faudra tenir compte seulement de ces circonstances : que l’Allemagne n’est pas engagée, comme nous, dans une œuvre de pénétration au Maroc ; que les 60 000 hommes employés à cette entreprise sont prélevés pour près des deux tiers sur nos troupes de l’Algérie et de la Tunisie ; qu’ainsi notre 19e corps n’est plus transportable dans la métropole ; que, d’un autre côté, nous disposons d’un corps colonial qui, quoique fortement réduit par les prélèvemens faits au profit du Maroc, n’en est pas moins mobilisable en France et porte quand même à vingt le nombre des corps dont nous disposons.

Dès lors, le calcul de nos forces vraies en septembre 1913, à la veille du jour où la nouvelle loi allemande va produire son effet, sera aisé à faire. Le rapport sur le budget de la guerre en 1913 indique qu’à cette date la classe française libérable sera de 176 300 hommes (résidu des 202 500 appelés de 1911) ; la classe non libérable sera de 191 195 hommes (résidu des 217 200 appelés de 1912). Il faut ajouter à ces nombres 40 362 engagés