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pourraient y être immobilisés, les vingt autres corps entrant dans la composition des armées formées en Lorraine.

Ainsi les 4/5 de l’armée allemande se concentreraient contre nous. Pouvons-nous, avec notre cadre précisément égal à vingt corps d’armée, les recevoir aujourd’hui à forces égales ou supérieures, et dans quelles conditions notre loi actuelle de recrutement nous place-t-elle pour leur faire face victorieusement ? Tel est le problème qu’il s’agit maintenant d’envisager.


L’état des effectifs présente par lui-même une importance si considérable et il réagit d’une manière si directe sur les autres facteurs de la puissance militaire qu’il forme naturellement le premier objet de l’examen. Menons cette étude par voie d’analyse, en commençant par la couche profonde, — la troupe, — et passant de proche en proche aux autres élémens.

Nous verrons alors, à chaque mois d’octobre, le contingent allemand se former par l’effet des prélèvemens opérés sur 500 000 jeunes gens âgés de 20 ans et sur 700 000 jeunes gens de 21, 22, 23 ans, ajournés des années précédentes. C’est ainsi qu’en 1911, les commissions de révision incorporent, dans l’armée et la flotte, 228 925 jeunes soldats appelés, abstraction faite d’environ 50 000 engagés, volontaires de diverses catégories et qu’elles classent par surcroît dans l’ersatz reserve (réserve de recrutement) 91 132 bons pour le service. La qualité physique des recrues est garantie par l’excès des ressources sur les besoins, par l’élimination des malingres, directement incorporés dans le landsturm, et surtout par cette circonstance, que plusieurs classes contribuent à la formation d’un même contingent. On trouve, sur les 228 925 appelés de 1911, 106 249 jeunes gens de 20 ans ; 58 185 de 21 ans ; 64 491 de 22 ans ou davantage.

Abaissé à 220 000 environ pour tenir compte du prélèvement spécial fait au titre de la flotte et grossi des 50 000 engagés volontaires, le total des soldats réellement incorporés ressort à 270 000 hommes. L’année suivante, par le départ des 14 000 engagés volontaires d’un an parvenus au terme de leur contrat, il tombera à 256 000 hommes ; mais cette année même, — nous raisonnons sur les bases d’avant 1911, — 270 000 hommes entreront de nouveau dans l’armée. La somme de ces deux chiffres, — 526 000 hommes, — donnera le total nominal des soldats