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qu’une paix prolongée a conduite à décliner et à dépérir. La réorganisation du 1er février tient compte de ces conditions nouvelles. Elle élargit le cadre de l’armée, relève le contingent jusqu’à 63 000 hommes et proscrit d’une manière définitive l’emploi de la landwehr en première ligne.

La campagne de 1866 en Bohême consacre le système et, par les agrandissemens territoriaux de la Prusse, par les accroissemens d’effectif dus à la contribution des États confédérés, ouvre une ère de rapides développemens. Les contingens dépassent maintenant 100 000 hommes. La loi du 9 novembre 1867 peut ne plus faire état que de l’armée active et de sa réserve, dont les obligations militaires s’élèveront désormais à 4 années au lieu de 2 ; on abaisse d’autant celles de la landwehr. La Confédération du Nord dispose alors de 3 classes actives (315 000 hommes), 4 de réserve (310 000), 5 de landwehr (330 000) ; c’est avec ces forces que l’Allemagne nous bat en 1870.

Les différences numériques qu’elle a su s’assurer ont pesé d’un poids lourd dans la balance des événemens ; mais, au cours de la période décennale suivante, elles changent de sens et se rétablissent à notre profit. Par sa deuxième loi de septennat (6 mai 1880), l’Allemagne élève à 427 274 hommes son effectif-troupe que celle du 8 mai 1874 n’avait fixé qu’à 401 659 hommes. Il est temps pour elle de nous disputer l’avantage que l’application de notre loi de 1872 vient de nous donner. Les effets s’en étendent déjà à neuf classes instruites, armée active et réserve, qui figurent dans nos formations de première ligne ; sa rétroactivité, à neuf classes antérieures, dont nous formons notre armée territoriale.

Cette forte organisation militaire, qu’on n’attendait pas d’une république, donne à penser aux politiques d’outre-Rhin. Jointe à l’état d’opinion qui règne chez nous au temps du boulangisme, elle les porte à élever leur pied de paix jusqu’à 468 409 hommes par leur troisième loi de septennat (11 mars 1887). La France n’en garde pas moins le bénéfice de la forte tension militaire sous laquelle elle a su vivre et dispose d’un effectif de guerre supérieur de près de 700 000 hommes à l’effectif allemand. Tel est son apport, telle la dot que l’on soupèse-de part et d’autre, dans les conversations préliminaires à la conclusion d’une alliance franco-russe. De son côté, l’armée russe n’a pas cessé de grandir numériquement ; le centre de gravité de sa