Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 14.djvu/856

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

escompté pour 1916 serait accru de 34 000 hommes (29 000 soldats et 5 000 sous-officiers). Elle prévoyait la création de deux nouveaux corps d’armée, qui prendraient les numéros XX et XXI dans la série allemande commune et qui, joints à la Garde, aux trois corps bavarois, porteraient à 25 corps le cadre général de l’armée. Coûtant plus cher qu’aucune des lois votées depuis 1870, elle était cependant votée d’urgence, et par acclamation. En même temps, 118 millions de crédits extraordinaires étaient inscrits aux exercices 1912 et 1913 ; le reste des 144 millions nécessaires devait figurer aux dépenses ordinaires des années suivantes, et la réalisation du nouveau programme prendre fin en 1917.

A peine cependant l’incorporation du contingent de 1912 avait-elle été calculée selon ce programme, qu’une augmentation nouvelle, beaucoup plus considérable, était jugée nécessaire. Celle-ci fait l’objet de la loi mise en discussion le 7 avril et par laquelle l’effectif-soldats s’augmentera de 117 000 hommes, l’effectif sous-officiers de 15 000 ; des unités nouvelles de toutes armes seront mises sur pied ; 28 000 chevaux seront achetés. Les dépenses nécessaires seront inscrites pour 491 millions de francs aux budgets ordinaires et réparties par sommes progressives sur les exercices 1913, 1914, 1915 ; pour le reste (1 120 millions) elles formeront un programme extraordinaire échelonné cette fois en sens inverse : 545 millions en 1913, 355 en 1914, 220 en 1915.

Ainsi la nouvelle période quinquennale, pour laquelle les lois de 1911 et 1912 avaient prévu respectivement des accroissemens de 10 000 et de 34 000 hommes, verra finalement le total budgétaire s’élever de 176 000 hommes. A lui seul, ce chiffre égale presque toutes les autres augmentations réalisées depuis la guerre franco-allemande de 1870 : compare-t-on en effet les effectifs-troupe de 1873 (402 000 soldats et sous-officiers) à ceux de 1910 (595 000 soldats et sous-officiers), que la différence des uns aux autres n’est que de 193 000 hommes. Au surplus, les procédés de finance destinés à couvrir les frais de ces armemens gigantesques prennent, selon le programme allemand, l’aspect de mesures de salut public. Une contribution exceptionnelle de 5 pour 1 000 sur les fortunes couvrira toutes les dépenses extraordinaires ; elle serait renforcée, au cas où son effet ne serait pas suffisant, par celui d’un impôt complémentaire de 2 pour 100 sur les revenus supérieurs à 62 500 francs (50 000 marks).