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d’Orléans reçoit cette dernière preuve de l’inconscience qu’elle a déjà observée en Philippe :


Paris, 6 mars 1793.

« Mon fils vient de m’apprendre que vous lui annoncez que j’ai perdu mon beau-père. Il ne tient pas à moi de vous donner toutes les consolations que vous pouvez désirer.

« Je vous offre toutes celles dont je puis disposer dans ce moment. Raprochez-vous de nous. Il nous sera bien doux à mon fils et à moi d’adoucir vos peines, s’il est possible. Je crois vous connoître assez pour être sûr que vous ne vous seriez jamais éloignée de vos enfans et de moi, si vous n’aviez suivi que les mouvemens de votre cœur. N’écoutez que lui et cédez aux instances que je vous fais. »


La sécheresse protocolaire du billet que Philippe reçut directement de sa femme à ce sujet ne put lui laisser aucune espérance de voir se reconstituer le foyer détruit :


7 mars 1793.

« J’ai reçu votre lettre. Je suis on ne peut plus touchée de la part que vous prenez à ma douleur. J’ai expédié ce matin un courrier pour charger M. Villot, qui étoit attaché à mon père, de vous annoncer la perte affreuse que je viens de faire et qui m’accable.

« L. M. A. DE BOURBBON »


Eloigné de ses enfans, séparé à jamais de sa femme, abandonné de son parti auquel il vient de donner pourtant le plus terrifiant des gages, Philippe a réalisé la prédiction qui terminait la dernière lettre à lui adressée par l’infortunée Princesse de Lamballe.


Ce jeudy, 3 septembre (1791).

« Les circonstances, mon frère, relatives à vos affaires avec ma belle-sœur, ne me permettent pas de vous recevoir. Je suis fâchée que vous preniez la peine de venir à ma porte et qu’elle vous fût fermée, et j’ai cru devoir vous en prévenir. Vous avez rejetté mon conseil ; malheureusement, vous avez porté les choses au point que nous ne pouvons plus nous voir.