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« Je rechercherai ta lettre où tu me parles de l’arrangement de tes journées, tu scai que je n’en égare aucune, et que j’ai une bien jolie petite cassette pour les serrer.

« Je t’envoie un billet pour une lotterie, dont peut-être Montpensier t’aura parlé, il est très à même de te faire toutes les explications que tu pourrois désirer, elles te prouveront que cette maison offre tous les genres de ressources réunies, et que nous pourrons même, si nous gagnons, établir une petite manufacture... »


Ce 26 (1792).

« J’ai aujourd’huy une grosse voix qui te feroit rire, mon Beaujolois, mais quoique l’extinction soit diminuée, je suis toujours fort oppressée, et j’ai de la peine à parler, en tout je suis bien misérable...

« Adieu, cher enfant, que j’aime si tant , je t’embrasse de toute mon âme. »


Ce 14 (1792).

... « Je n’oublie pas tu aimes le tabac, et les querelles que je te faisois à ce sujet. Je consens, cependant, que tu en prennes, pourvu que ce ne soit que dans la boëte que je t’envoie et qu’elle contienne ta provision du mois... »


Ce 19 matin (1792).

« J’avais vu dans les papiers publics ce que tu me mandes[1]. Dis-moi, comme tu n’as point de nom de baptême[2], comment il faut que je t’adresse.

« Je suis comme toi, cher enfant, je ne puis expliquer rien de ce qui a rapport à la correspondance de ta sœur avec nous ; mais je répète toujours la même chose : c’est que nous devons l’un et l’autre être sûrs de son cœur. Hélas ! ma ressource depuis longtemps est de le redire sans cesse.

«... Je voudrois t’envoyer un joli anneau des miens (cheveux) envoie-moi la mesure de ton troisième doigt afin que, successivement, il puisse passer aux autres, car je me flatte que mon Beaujolois ne le quittera pas. Si tu aimes mieux mes cheveux sur autre chose, mande-le-moi. »

  1. Le décret interdisant le port des noms féodaux.
  2. Puisqu’il n’était qu’ondoyé.