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l’amitié, une marque de votre souvenir m’enchante ! Comptés pour la vie sur mon très tendre intérêt. Je vous embrasse de tout mon cœur. « C. B. »


Dans cet état d’esprit, Beaujolais, qui s’appelle maintenant Alphonse Léodgard, — la Convention lui ayant enlevé son nom par le décret qui défendait le port des qualifications féodales, — va tirer pour sa sœur cette conclusion inattendue des massacres de Septembre :


To Mrs Adèle
S’Edmund’s Bury, Suffolk shire, England.


Ce 5 septembre L. 4 et 1 (1792).

« ... Vous savez sûrement toutes les horreurs qui se sont commises aux prisons, cela fait frémir, ainsi je ne vous en parlerai pas.

« On dit qu’il y a 4 ou 5 milles personnes de tuées. Il part pour les armées plus de monde qu’il n’en faut. Il y a plus d’armes qu’il n’en faut, et il y a dans les sections des liasses d’assignats de 50 l., 100 l., 200 l., etc., comme si c’étoit du papier commun, tout cela est des dons patriotiques.


Oh ! ça ira, va, ça ira !


« Les députés envoyés dans les départemens pour faire des recrues, écrivent qu’ils ont les plus grands succès.

« Adieu ma petite bibi que je baise sur les deux joues...


« ALPHONSE LEODGARD. »


VII

Le Duc de Montpensier, sorti à cette heure des mains de son éducatrice, faisait, à l’armée du Nord, avec le Duc de Chartres, son apprentissage d’homme et de prince. La simplicité avec laquelle il raconte à Beaujolais son baptême du feu et la bataille de Valmy donne à ces récits une grandeur singulière :


Valenciennes, ce 2 mai 1792.

« J’ai entendu pour la première fois siffler les balles à mes oreilles, et je n’en suis pas fâché.

« J’ai passé trois jours et deux nuits sans me déshabiller et presque toujours à cheval, aussi quand je suis revenu, j’étois