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Quant à la profession de foi du fils aîné du Duc d’Orléans, elle est tout entière résumée dans le paragraphe final de l’espèce de chronique domestique que, pendant un court passage à Paris, il adresse à sa sœur alors en Angleterre :


Paris, ce 17 avril 1792.

« Il y a bien longtemps que je n’ai écrit à ma chère petite sœur. Je lui envoie le détail de la fête patriotique qui a eu lieu dimanche à l’occasion de l’arrivée des suisses de Châteauvieux. C’est une moitié de la chronique. Cette fête a eu lieu malgré la rage de tous les aristocrates, ministériels et autres, on faisoit applaudir les femmes qui, de leur fenêtre, la regardoit passer, et comme disoit fort bien Manuel, cette fois ci le parterre est trop imposant pour que les loges osent résister.

« Je suis arrivé d’Anet hier au soir, ma mère m’a paru beaucoup mieux et Mme Chatellux plus horrible que jamais, elle est d’ailleurs détestée de toute la maison. Nous vous attendons toujours, mon père voudroit bien que vous soyés ici ; il sera bien douloureux pour nous de partir quand vous arriverés, ce sera pour moi un chagrin mortel que de ne pas vous voir avant la campagne, car je crois qu’il y aura guerre, et très promptement, il faudra bien que vous reveniés et moi qui vous ai à peine apperçu depuis 10 mois, me voilà encore condamné à être 7 ou 8 mois sans vous voir, cela est bien pénible...

« Adieu, ma chère sœur, que je chéris et que j’embrasse de toute mon âme.

L. P.

« M. de Sillery a pris ce matin du jus d’herbes.

« Le petit Pétion a mal à l’œil.

« Mme Voidel[1] se porte à merveille, comme un petit ange qu’elle est.

« LOUIS-PHILIPPE, prince françois en expiation de ses péchés, colonel du 14ème régiment de dragons, et 4ème colonel de l’armée françoise, ton frère et ton aîné de 4 ans moins deux mois plus treize jouis, et jacobin jusqu’au bout des ongles. »


En ce qui concerne Mademoiselle, l’idée qu’elle pouvait se faire des événemens de France était singulièrement formée par les jugemens de son père :

  1. Femme du plus fidèle ami d’Égalité, dont il fut le défenseur devant le tribunal révolutionnaire.