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France, mais ce qu’elle va chercher désormais, c’est à se débarrasser de Mademoiselle. Dans cette intention, elle cherche à rompre. Philippe s’en explique ainsi avec son fils :


« Quant à ce qui vous inquiète pour Mme de Brûlart[1], je crois que vous avez tort. Je ne me brouillerai certainement pas avec elle, et si elle se brouille avec moi, comme je serai toujours prêt à me racomoder, parceque je connois sa tête et son cœur, cela ne sera pas long. Je n’en suis effrayé que pour ta pauvre petite seur qui en souffrira et qui en souffre déjà, je parie, de peur et d’inquiétude. C’est pour elle que j’aurois bien désiré avoir quelqu’un à lui envoyer, mais il est impossible d’envoier en Angleterre dans ce moment-ci, et je crois que Couade est peut-être un des hommes les plus propres à la calmer. Je t’envoie copie de la dernière lettre de Mme de Sillery à laquelle je ne comprends rien, sinon qu’elle veut gagner du temps. Je lui ai répondu que, quant à l’argent, il ne manqueroit pas ; je lui ai envoie l’ordre à mon portier de lui livrer la maison pour son passage à Londres, parceque je n’ai pu écrire, comme elle le désiroit, qu’elle passeroit l’hiver à Londres, puisqu’au contraire j’avois dit et je disois partout que je lui avois écrit de me ramener ma fille sur le champ, que j’avois envoie au-devant d’elle à Calais et que je l’attendois.

« J’étois convenu avec elle, quand elle est partie, qu’elle ne dépenseroit que 150 louis par mois. Elle m’en a demandé, depuis qu’elle est là-bas, en total plus de 350 par mois que je lui ai envoie. J’ai cru d’après cela qu’elle pourroit fort bien se passer du quartier de ses rentes viagères qui étoit en arrière et suivre sur cela le sort de tous les rentiers viagers, d’autant que ce quartier, avec celui d’Henriette[2] et de Paméla[3] font tout au plus une somme de trois mille livres tournois. Ainsi il y a de l’humeur de sa part de s’en plaindre, mais sa tête n’y est plus. Dieu veuille que ma pauvre petite n’en souffre pas trop, momentanément. Le décret sur le divorce annulle absolument toute espèce de procédure commencée en séparation et me donnera sûrement, ou la certitude de n’être pas divorcé, ou si elle le veut absolument, le moyen d’achetter à ce prix le bien être et

  1. Mme de Sillery. — Brûlart était le nom patronymique des Sillery-Genlis.
  2. Mme de Sercey.
  3. Fille adoptive de Mme de Genlis.