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sous un parasol. On les nommait, pour cette raison, des sciopodes. Augustin, qui s’était arrêté comme tout le monde devant ces figures grotesques, les rappelle quelque part à ses lecteurs... Dans la partie basse de la ville, en bordure de la mer, et sur les deux collines proches de l’Acropole, s’espaçaient une foule d’édifices dont les auteurs anciens nous ont conservé les noms et qu’ils ont sommairement décrits. Grâce au zèle des archéologues, il est devenu impossible aujourd’hui de savoir où ils se trouvaient.

Les sanctuaires païens étaient nombreux : celui de la déesse Cœlestis, la grande patronne de Carthage, occupait une étendue de deux mille pas. Il comprenait, outre l’hiéron proprement dit où se dressait la statue de la Déesse, des jardins, des bois sacrés, des cours entourées de portiques. Sous le nom de Saturne, l’antique Moloch phénicien avait aussi son temples On l’appelait le Vieux, nous dit Augustin, et son culte était en décadence. En revanche, Carthage, comme Alexandrie, possédait un autre sanctuaire fort à la mode, un Sérapéum, où se déployait la pompe des rites égyptiens, célébrés par Apulée ? A côté des lieux sacrés, les lieux de divertissement : le théâtre, l’Odéon, le cirque, le stade, l’amphithéâtre, — celui-ci de dimensions pareilles à celles du Colisée romain, avec ses arcades superposées, ses sculptures réalistes représentant des figures d’animaux et d’artisans. Puis, les édifices d’utilité publique : les citernes colossales de l’Est et de la Malga, le grand aqueduc, qui, après un parcours de quatre-vingt-dix kilomètres, déversait l’eau du Zaghouan dans les réservoirs de Carthage. Enfin, les thermes, dont nous connaissons quelques-uns, ceux d’Antonin et de Maximien, ceux de Gargilius, où se réunit un des plus importans conciles de l’histoire ecclésiastique africaine. Les basiliques chrétiennes étaient également nombreuses à l’époque d’Augustin. Les auteurs en mentionnent dix-sept : il est probable qu’il en existait davantage. La seule dont on ait retrouvé des vestiges importans, celle de Damous-el-Karita, qui fut peut-être la cathédrale de Carthage, était vaste et richement décorée.

D’autres édifices ont totalement échappé à l’histoire. Il est à supposer pourtant que Carthage, de même que Rome, possédait un septizonium, édifice décoratif, à plusieurs rangées de colonnes superposées, qui encadraient un chàteau-d’eau : on prétend que celui de Rome n’était qu’une copie de celui de Carthage. Des