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SAINT AUGUSTIN[1]

DEUXIÈME PARTIE[2]

L’ENCHANTEMENT DE CARTHAGE
Amare et amari
(Confessions, III, I)


I. — CARTHAGO VENERIS

« Je vins à Carthage, et, partout, autour de moi, crépitait, comme une huile bouillante, l’effervescence des amours honteuses. »

Ce cri de repentir, poussé, vingt-cinq ans plus tard, par Augustin converti n’étouffe pas complètement celui de son admiration pour la vieille capitale de son pays. On la sent qui perce entre les lignes, cette admiration patriotique. Carthage fit sur lui une impression très forte. Il lui donna son cœur et lui resta fidèle jusqu’à la fin. Ses ennemis, les donatistes, l’appelaient « le disputeur carthaginois. » Evêque d’Hippone, il est constamment sur la route de Carthage, pour prêcher, discuter, conférer avec ses collègues, solliciter auprès des personnages officiels. Quand il n’y est pas, il en parle sans cesse dans ses homélies et ses traités, il lui emprunte des comparaisons : « Vous qui êtes allés à Carthage..., « dit-il fréquemment à ses auditeurs. Aller à Carthage, c’était, pour l’enfant de la petite Thagaste, un

  1. Copyright by Louis Bertrand, 1913.
  2. Voyez la Revue du 1er avril.