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Sud, le soleil était à environ 23 degrés au-dessus de l’horizon ; c’est à peu près la hauteur qu’il a à Paris à midi vers la fin du mois de janvier. Il était donc probable a priori, — et l’auteur de ces lignes l’a annoncé avant que ne fût connu le carnet d’observations d’Amundsen, — que celui-ci avait pu fixer la place exacte du pôle Sud à quelques centaines de mètres près. Effectivement, le calcul définitif des observations d’Amundsen, fait à son retour en Norvège, a fixé à 2 700 mètres environ la distance qui séparait du pôle le point où le hardi Norvégien planta le drapeau de son pays et qu’il appela Polheim. D’autre part, les observations faites par Scott, et qu’on vient de retrouver sur le cadavre du malheureux officier, fixent à 900 mètres seulement du pôle la position de Polheim. L’ordre de grandeur de ce faible écart est bien conforme à la précision qu’on pouvait prévoir.


LES DEPLACEMENS DES PÔLES

Une précision supérieure eût d’ailleurs été illusoire, pour la bonne raison que les points où l’axe instantané de la rotation terrestre rencontre la surface du globe ne sont pas rigoureusement fixes, mais oscillent périodiquement autour d’une position moyenne.

Cette découverte a été faite par les astronomes, sans qu’il leur fût besoin pour cela d’expéditions hasardeuses, dans les zones tempérées, à l’aide d’observations d’une prodigieuse délicatesse exécutées dans les régions tempérées du globe. Ces recherches se rattachent, comme nous allons l’indiquer d’un mot, aux spéculations les plus subtiles sur la constitution même de l’intérieur de la Terre.

A l’aide des puissantes lunettes méridiennes des observatoires modernes, on peut aujourd’hui déterminer par les observations des étoiles la latitude, c’est-à-dire la distance au pôle de rotation, à quelques mètres près. Or, il y a quelques années déjà, on avait remarqué dans plusieurs observatoires et notamment à celui de Berlin, que la latitude ainsi mesurée n’était pas constante, mais subissait de mois en mois une fluctuation d’environ une dizaine de mètres, tantôt augmentant, tantôt diminuant. S’il s’agissait là réellement d’un déplacement du pôle, il était évident que, pour une station située sur le même parallèle que Berlin, mais à 180° de longitude, c’est-à-dire exactement de l’autre côté du globe, les déplacemens observés devraient être inverses, c’est-à-dire que la latitude devrait y augmenter lorsqu’elle diminue à Berlin et réciproquement, puisque le pôle, s’il se rapproche