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si ce n’est de l’inintelligence et de l’ignorance de leurs Cafres ? On recherche fort ceux qui allèrent autrefois aux Mascareignes. Il nous suffirait de promettre au gouvernement portugais le retour obligatoire de cette main-d’œuvre, et même qu’une notable part du salaire leur fût versée au retour.

Si l’on veut sérieusement et rationnellement développer l’activité française au Mozambique, on prendra pour base, non point Lourenço ou même Beïra qui ne sont que des ports, mais Inhambane, port et centre de production où des Français déjà dominent, prospèrent, et ne réclament que le concours d’énergies nouvelles susceptibles de se déployer librement à côté des leurs. Nous nous rappelons l’admirable baie capricieusement découpée parmi les presqu’îles de cocotiers, et la ville gracieuse, son boulevard infléchi comme une arche, ses chalets rouges caressés de palmes, l’église et le temple indien, le débarcadère autour duquel des barques à double voile comme des papillons butinent en frissonnant sur l’eau. Dans les factoreries aux murs cachou et aux volets verts, des Français, rentrés pour diner à huit heures, causent, discutent, opposent leurs théories le soir après avoir concilié leur action tout le jour. Qu’ils sont contens de voir des compatriotes de passage I Comme ils voudraient que d’autres vinssent s’établir et lutter à côté d’eux, avec leur aide, pour garantir l’avenir, pour maintenir à jamais l’influence française en face des Allemands qui, même à perte, restent là, à guetter et à ramasser les miettes, confians en leur patience et en leur nombre ! Ils content avec une simplicité ferme comment ils assurèrent leur fortune, ils exposent avec des chiffres les raisons de leur optimisme : travail et volonté. Ils sont fiers avec franchise de leur énergie.


MARIUS-ARY LEBLOND.