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LE CENTENAIRE
DE
FRÉDÉRIC OZANAM[1]

Le centenaire de Frédéric Ozanam, qu’on va célébrer dans quelques jours, n’intéresse pas seulement le monde catholique. Le fondateur des Conférences Saint-Vincent de Paul appartient à l’histoire du sentiment religieux et des institutions charitables en France, au XIXe siècle ; mais le successeur de Fauriel à la Sorbonne appartient à l’histoire des lettres. Son œuvre, qui porte si bien sa date et reflète si fidèlement une époque, est un chainon indispensable dans la suite de nos idées littéraires. Elle ne vaut pas seulement comme document et pour l’influence qu’elle a pu exercer ; elle se recommande encore par de brillantes qualités de forme et contient des pages qu’on aura toujours plaisir à relire. Si elle a eu à souffrir du discrédit qui, dans ces dernières années, nous a rendus sévères jusqu’à l’injustice pour tout ce qui touche au romantisme, l’occasion est bonne qui s’offre à nous de la remettre à son rang.

L’homme fut admirable et charmant. A nul autre plus qu’à lui ne s’applique l’éloge d’avoir été de la race des purs. Toute sa vie ne fut consacrée qu’aux soucis les plus nobles et dépensée qu’aux tâches les plus bienfaisantes. Et sur cette destinée si remplie et trop courte plane la mélancolie des existences prématurément brisées... Il était né à Milan de parens lyonnais. Cela

  1. Œuvres de Frédéric Ozanam : Études germaniques, 2 vol. — La Civilisation au Ve siècle, 2 vol. — Les Poètes franciscains, 1 vol. — Dante et la philosophie catholique, 1 vol. (chez Lecoffre). — Correspondance, 2 vol. (chez A. de Gigord).