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cependant elle est déjà beaucoup mieux, ce n’est pas en aussi peu de temps que sa santé peut être remise de tout ce qu’elle a souffert. Elle est d’une maigreur excessive et d’un changement affreux, mais actuellement qu’elle a retrouvé celle dont la perte lui avoit causé une douleur aussi vive et l’avoit mise dans un état aussi cruel, nous ne doutons pas que sa santé ne se rétablisse et ne devienne aussi bonne qu’elle étoit...

« CHARTRES. »

Ce 12 mai 1791.


On le voit, la Duchesse, tout en souffrant de n’être pas auprès de sa fille, n’est pas dupe de la comédie si bien machinée, et dont les nerfs d’une fillette traversant une époque critique, font les frais. Elle ne le dissimule pas à son fils :


« Vous me tués, mon cher enfant, vous me tués et cela ne sera pas long. Je vois qu’au lieu de distraire votre sœur, votre attendrissement continuel, celui de vos frères qui se renouvelle sans cesse, contribue essentiellement à la mettre dans ces états que vous me dites si effrayans, mais ce qui me rassure parfaitement pour la vie de cette malheureuse enfant, c’est que son père est auprès d’elle, il prendra très certainement toutes les précautions pour assurer son existence ; si j’avois eu le droit d’exiger qu’elle me fût remise, je serois auprès d’elle occupée uniquement du soin de la consoler et de la distraire. Je pleure ici mes malheurs, et un bien déchirant est celui de voir qu’une étrangère a pris dans le cœur de mes enfans la place que devoit occuper leur mère. »


G. DU BOSGQ DE BEAUMONT ET M. BERNOS.