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principes. Quant au dernier et à ma fille, j’ai deffendu à mon fils aîné de leur en dire un mot.

« En obligeant, malgré ma volonté, Mme de Sillery à se retirer, vous m’aviez déjà forcé à prendre le party de vous ôter toute influence sur l’éducation de mes enfans. Vous agravez encore vos torts à cet égard, et votre dernière démarche m’auroit fait prendre sans retour cette résolution si je ne l’avois déjà prise avant. J’espère toujours que vous finirez par ouvrir les yeux sur l’absurdité des conseils que l’on vous donne et que vous en reviendrez à sentir qu’une mère ne peut avoir de l’influence sur l’éducation de ses enfans que d’accord avec son mari, et que, lorsqu’elle s’oppose ouvertement à ses volontés, elle s’ôte à elle-même toute authorité et toute considération publique sur ce point.

« J’attends toujours la réponse à la dernière lettre que je vous avois portée moi-même et que je vous avois demandée dans l’espace de vingt-quatre heures. Vous êtes partie le lendemain sans me voir. J’espère que mon courrier me la rapportera...

« Je remettrai à qui vous voudrez la lettre de M. de Penthièvre que j’ai gardée, il me paroit qu’il ne faut la remettre qu’en des mains très sûres. »


Ce fut seulement par son silence que la Duchesse fit comprendre à son fils combien cette sorte de trahison lui avait été sensible. La justification qu’il essaya n’était pas propre à en atténuer l’effet :

« J’ai été douloureusement affecté, ma chère maman, en voyant que je suis le seul de vos enfans qui n’ait pas reçu de réponse sur cette dernière circonstance ; cependant, mon frère Montpensier vous a manifesté la même opinion, c’est en vain que je cherche la cause d’une différence aussi affligeante pour moi, je ne trouve rien dans ma conduite qui puisse y avoir donné lieu. Je n’ai jamais rien fait qui ait pu vous faire douter des sentimens que je vous dois à tant de titres, je suis sûr, ma chère maman, que vous dissiperés mes craintes et que vous rendrés à mes sentimens la justice qui leur est due et qui fera le bonheur de votre tendre fils.

« CHARTRES. »

Ce 22 avril 1791.