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Le Duc de Chartres à sa mère.

« Aussitôt que j’ai reçu votre lettre, ma chère maman, et celle de mon grand-père, je les ai portées à mon père, parce qu’il m’étoit impossible de les faire voir à ma sœur et à mes frères avant de les lui avoir communiquées. Il n’a pas voulu me les rendre et m’a dit qu’il se chargeroit de tout envers vous. Je ne puis donc parler à maman que de mon opinion personnelle et, quel que soit le prix que j’attache à celle de mon grand-père, non seulement je n’ai aucun scrupule d’aller à une nouvelle paroisse, mais je regarde cette démarche comme un devoir indispensable, parce que je crois fermement que les décrets n’ont porté aucune atteinte aux dogmes de la religion pour lesquels j’aurai toute ma vie le respect le plus inviolable ; que je regarde toutes les opérations de l’Assemblée comme purement temporelles et que, dans cette matière, je ne reconnois et ne reconnoîtrai jamais d’autre autorité que celle de la Nation. Votre éloignement pour ces principes m’afflige d’autant plus que je crains qu’il ne vous éloigne encore de nous. Mais je ne doute pas qu’enfin ma chère maman ne s’en rapproche et qu’alors elle ne rende au tendre et respectueux attachement de ses enfans la justice qu’il mérite et en particulier à son tendre fils. »

Paris, ce 14 avril 1791.


Le Duc d’Orléans tenait enfin un prétexte pour marquer à sa femme comment il avait accueilli les observations, pourtant si dignes et si mesurées, du Duc de Penthièvre :


Paris, ce 14 avril 1791.

« Vous venez de faire une nouvelle démarche auprès de mes enfans qui met le comble à tous vos procédés pour moi. Mon fils m’en a instruit comme il le devoit et m’a remis la lettre de M. de Penthièvre qu’il est inconcevable que vous ayez pris sur vous d’envoyer à mes enfans sans ma permission et sans l’authorisation de M. de Penthièvre qui, certainement, l’auroit refusée ; ainsi, par cette démarche, vous compromettez M. de Penthièvre, vous faites une chose à la fois inutile, dangereuse et ridicule, et avés manqué à tout ce que vous me devez. Mes deux fils aînés sont en état de se décider d’après leurs propres