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la liste des personnes qui y seront invitées. Elle pourra aussi donner quelques déjeuners, et de même je ferai avec elle la liste des personnes. Quant à ses études, Mme de Sillery en laisse le plan très détaillé que fera suivre Mme Topin. Mme de Sillery partira quand ma fille aura fait ses Pâques, le 25 ou le 26 de ce mois. D’ici là, elle prendra toutes les précautions possibles pour que ma fille n’en ait aucun soupçon, car ma fille ne supporteroit pas des adieux et il seroit absurde de lui dire que Mme de Sillery, qui n’est point malade, la quitte pour aller aux eaux. D’ailleurs elle sait bien que si Mme de Sillery en avoit un besoin réel, je trouverois très bon qu’elle fit ce voyage avec elle, il seroit tout aussi peu vraisemblable de lui dire que Mme de Sillery la quitte pour un voyage d’agrément, quoique nous répétions toujours qu’elle a bien été en Angleterre, mais ma fille alors avait sept ans ; d’ailleurs elle ne pouvoit avoir les craintes qu’elle éprouve aujourd’hui, ainsi cela ne peut se comparer.

« Le 25 ou le 26 au matin, on viendra dire à Mme de Sillery que M. de Sillery est malade et la demande, elle partira ; quand elle sera partie, je calmerai de mon mieux sa douleur, puis je lui annoncerai son malheur, c’est-à-dire que je lui dirai l’exacte vérité qui est que Mme de Sillery, ne pouvant plus supporter la manière dont vous la traitiés, m’a prié de vous demander d’avoir une explication avec elle, que je vous avois vainement demandé de sa part, six mois auparavant, que je vous l’ai redemandée, que vous m’avés promis de vous expliquer avec elle, et qu’au lieu de cela, vous lui avés lu à mon insçu un papier que vous ne m’avés montré qu’après, par lequel vous exigiés d’elle sa démission. Voilà très certainement ce que je dirai, parce que le taire seroit calomnier Mme de Sillery et perdre à jamais la confiance de ma fille. Après cet entretien, je vous enverrai chercher et vous viendrés la voir, je vous attendrai chés elle. J’ai cherché ce que vous pourriés lui dire avec quelque vraisemblance pour adoucir sa douleur et nous justifier de lui avoir enlevé avec cette violence une personne à laquelle vous n’avés pas un seul reproche fondé à faire relativement à l’éducation de vos enfans, une personne enfin que je désirois vivement qui terminât son éducation, et je n’ai pas pu trouver un mot qui eût l’apparence de la raison ; comme vous n’ignorés pas, puisque je vous l’ai dit, il y a sept à huit mois et mille fois depuis, ce que