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d’une idée bien douce que cet arrangement rapportant tout aux enfans... nous rapprocheroit encore, que nous nous verrions beaucoup plus, que nous apprendrions ensemble à connoître nos enfans, à nous en faire aimer, que les idées qu’ils pouvoient avoir disparaîtroient absolument, que nous voyant toujours ensemble, ils ne pourroient pas croire que nous étions mal ensemble, ils auroient vu d’ailleurs par eux-mêmes que nous étions d’accord sur tous les points. C’étoit celui-là que vous trouviez l’essentiel ; je pensois de même, mais si je dois en croire votre lettre, toutes ces considérations ne sont plus rien. Je pensois, et je m’attendris en vous le disant, qu’en suivant le plan que je viens d’ébaucher je pourrois, en me réunissant à mes enfans, vous procurer dès à présent des jouissances et des momens bien doux qui se seroient multipliés tous les jours. Si vous n’écoutez pas la voix de l’amitié, celle de la nature, vous renoncerez à votre bonheur et j’y renoncerois pour moi-même. Pensez-y, réfléchissez et ne vous hâtez pas de décider du sort de toute votre vie. »


III

La manœuvre de Mme de Genlis a échoué, elle n’a pas obtenu la « réparation » exigée, mais elle ne se considère pas encore vaincue ; il lui reste un mois, qu’elle va employer à attiser le mécontentement du père, à exaspérer la sensibilité des enfans, qui prennent nettement position contre leur mère. L’extrême nervosité de Mademoiselle d’Orléans est le prétexte choisi, et la Duchesse se trouve menacée de la responsabilité des suites que peut avoir sur la santé de sa fille cette « affreuse séparation. »

Pendant ce temps, les scènes se succèdent au Palais-Royal, où le Duc de Chartres cesse de venir. La Duchesse reste inébranlable, Mme de Genlis partira. Il faut, dès à présent, régler ce qui concerne les enfans, et la mère demande instamment d’être fixée sur ce point :

... » J’attends avec impatience que vous me fassiez connoître vos intentions pour l’éducation de mes enfans. Je n’ai pas eu la prétention d’influer sur elle, ce qui auroit pu estre assez naturel, j’ai demandé seulement que vous me laissiez ce que toute mère ne peut pas ne pas avoir... »

Il n’est pas téméraire d’avancer que c’est de concert avec