Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 14.djvu/633

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lâche prise ; mais voilà les porteurs qui marchent, les voilà partis. — 5. Mme de Genlis se débattant dans un lit avec une folle qui veut l’étrangler. — Voilà la comtesse de Genlis dans son lit prête à être étranglée, voyés-vous comme la folle lui serre la gorge, etc. La comtesse de Genlis écrira cette mémorable aventure sur son journal ; elle voudroit qu’il lui en arrivât tous les jours autant. Les folles sont communes, mais heureusement les étrangleuses sont rares. — 6. M. le Duc de Chartres piquant des points. — Voilà Monseigneur le Duc de Chartres s’exerçant pour le fameux pari des points. Il pique, pique, un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit : il faut qu’il aille jusqu’à cinq mille, admirés combien ce prince est aimable et surtout piquant, etc. — 7. Madame la Duchesse de Chartres avec Scipion sur ses genoux. — Voilà Madame la Duchesse de Chartres avec son nègre. Voyés comme le jeune enfant badine joliment et délicatement sur les genoux de la princesse, admirés la gentillesse de ce petit négrillon, comme il est doux, mignon, la finesse de sa taille, etc. — 8. M. l’évêque de Nancy ramassant un chapeau avec ses dents. — Voilà Mgr l’évêque de Nenni, je veux dire de Nancy, qui ramasse un chapeau avec ses dents. Il l’aura, il ne l’aura pas, ma foi l’y voilà, il le tient ; le voilà qui s’en va pour faire place à madame sa mère. — 9. Madame de Montauban mangeant un plaisir. — Voilà donc madame la comtesse de Montauban qui mange un plaisir, car cette vertueuse dame ne prend jamais que d’innocens plaisirs. Admirés sa sobriété, au lieu d’un foie gras, d’un dindon, d’un cochon de lait, elle ne mange qu’un simple croquet, voilà un bel exemple, Messieurs, Mesdames, admirés, admirés. — 10. Voilà M. d’Osmont éternuant au soleil. — Admirés son déshabillé galant. Il s’est levé un peu tard parce qu’il a passé la nuit à jouer au wist. — 11. Voilà la comtesse de Rochambault entre les deux petits princes. — Voilà de beaux enfans, et qui promettent bien. Mme de Rochambault leur distribue des faveurs, à l’un un joujou, à l’autre un bonbon. Aussi ils aiment maman Bo de tout leur petit cœur. — 12. Voilà le vénérable abbé de Maigrepin... de Magetin, je veux dire, chantant une petite chansonnette. — 13. Voilà Mme la marquise de Polignac parfilant. — Elle est à l’ouvrage depuis dix heures du matin. Si quelqu’un de la compagnie vouloit lui donner une bobine, elle trouveroit toutes mes plaisanteries excellentes. — 14. Voilà Mrs de Schomberg et de Thiars jouant aux échecs. — Admirés l’attention de ces deux personnages ; mais je vois bien que vous aimeriés mieux les entendre parler que de les voir jouer aux échecs, ainsi passons à un autre. — 15. Voilà M. le marquis de Roquefeuille. — Il a un râteau sous le bras, mais il croit que c’est son chapeau, cela revient au même. Il va peut-être mettre tout à l’heure son râteau sur sa tête, car voyés vous, Messieurs, Mesdames, c’est un homme qui est capable de tout.

Ainsi finit l’histoire.


Ces aimables récréations, qui se placent aux environs de 1785, vont bientôt prendre fin. Comme sur un écran tragique, de sombres tableaux vont se dérouler au Palais-Royal quand toute cette jeunesse et cette gaieté émigreront à Bellechasse où règne l’autorité souveraine de Mme de Genlis.