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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE





Le service de trois ans continue, comme il est naturel, d’attirer et presque d’absorber l’attention publique; on ne parle guère d’autre chose et on attend avec des sentimens divers, mais avec une égale impatience de part et d’autre, la discussion qui va s’ouvrir à la Chambre. Tout le monde comprend, en effet, que lorsqu’une pareille question est posée, elle doit être résolue promptement et que l’objet poursuivi serait en partie manqué, s’il n’était pas atteint très vite. Il faut pourtant, comme toujours, faire la part des exceptions : les socialistes unifiés, adversaires forcenés de la loi, et sans doute avec eux un certain nombre de radicaux, feront leur possible pour faire traîner le débat et en ajourner la solution. La manière dont ils ont accueilli le dépôt du projet donne à croire qu’ils useront de tous les procédés d’obstruction; ils déposeront à leur tour des contre-projets sur l’ensemble et des amendemens sur tous les articles ; mais l’accord du gouvernement et de la majorité déjouera leurs manœuvres si, comme nous l’espérons bien, il se maintient solidement et résolument jusqu’au bout.

Le dépôt du projet de loi a eu lieu le 5 mars. Il avait été précédé, la veille, par une réunion du Conseil supérieur de la Guerre qui, sous la présidence de M. Poincaré, avait donné une approbation unanime au principe du service de trois ans. Cet avis du Conseil supérieur, dont on s’était si légèrement passé pour abaisser la durée du service, a paru nécessaire pour la relever. Le nouveau projet se présente donc avec toutes les garanties désirables et, s’il a l’approbation des hommes les plus compétens, il a aussi l’appui de l’opinion publique. Rien n’est plus réconfortant que les manifestations qui se produisent en sa faveur, et dont les jeunes gens des lycées et des écoles ont la plus large part.