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modification du programme avait coïncidé avec le transport à terre de l’Ecole, avec son installation dans les nouvelles conditions de son existence. Ce n’est pas sans danger, en effet, que l’esprit de l’enseignement va être changé dans le vieux cadre du passé. Les nouveaux programmes y seront gênans et gênés.

Espérons, toutefois, dans un avenir heureux auquel le temps et les bonnes volontés de tous sauront utilement travailler.


L’École Navale, avons-nous dit, et nous y insistons encore, ne peut plus être désormais celle qui porte ce nom sur le vaisseau le Borda ; elle doit s’élargir et devenir l’ensemble des institutions destinées à donner à l’officier sa première formation ; cette réunion n’implique pas une étroite dépendance mutuelle de ces institutions, mais une direction et une action harmonieusement établies dans un même esprit et dans un dessein commun.

A cet effet, l’Ecole Navale comprendrait deux organismes distincts : l’Ecole à terre et l’Ecole navigante ; ces deux écoles emploieraient dans des conditions déterminées le concours de différens services de la Marine.

L’Ecole à terre compléterait l’instruction générale des élèves, leur donnerait les connaissances de principe en sciences appliquées, les leur ferait assimiler par des travaux pratiques multipliés et appropriés, les initierait aux choses de la Marine, commencerait leur éducation militaire. Elle disposerait de toutes les ressources utiles, qu’elles lui appartiennent en propre ou qu’elle les demande au grand arsenal dont elle doit être la très proche voisine.

Les officiers de marine ne doivent plus se contenter de connaissances et de pratique superficielles en vapeur, en électricité, en hydraulique, en explosifs, etc., en emploi de la force quelle qu’elle soit en un mot ; l’un des buts essentiels de l’instruction de l’Ecole à terre est de leur faire pénétrer à fond, en toutes ces matières, la raison d’être des choses, de leur faire vérifier par eux-mêmes, de leurs mains et de leurs yeux, la réalisation des phénomènes expliqués et étudiés.

Les méthodes modernes d’enseignement exigent des moyens dont l’Ecole Navale ne disposait pas jusqu’ici ; en la transportant et l’installant à terre, nous les lui donnerons largement. Nous lui attribuerons les salles de modèles, de manipulation, les annexes