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« Navale » existent aujourd’hui comme ils ont existé hier et comme ils existeront sans doute demain. Les candidats sauront imposer leur maintien en ne fréquentant que les établissemens publics ou privés où ils les trouveront.

Pourquoi dès lors à ces classes spéciales ne pas pouvoir donner un programme spécial, utile à la Marine et soigneusement étudié dans son esprit ?

Il est certainement logique de rechercher l’unité de l’enseignement dans l’Université jusqu’à un certain degré : le baccalauréat par exemple ; jusqu’à ce degré qui devrait représenter en quelque sorte l’éducation classique, la culture générale commune à toutes les carrières ; aller plus loin, n’est-ce pas poursuivre une chimère en nuisant aux intérêts d’Écoles qui, très différentes à tous points de vue, ne peuvent être ainsi assimilées ?

Un programme d’école spéciale ne peut être que spécial, et si la Loi ne veut pas l’édicter ainsi, les mœurs auront tôt fait d’y obvier arbitrairement par la limitation et le cantonnement des questions posées aux examens.

Au moment où fut constitué le nouveau corps des Ingénieurs d’artillerie de la Marine, un programme très général d’admission fut hâtivement institué. Des hommes éminens furent nommés examinateurs d’entrée à l’Ecole nouvelle ; l’un d’eux, a-t-on raconté, après avoir posé à un candidat une question d’ordre mathématique très élevé, se tourna vers le président de la Commission d’examen et lui dit : « Pensez-vous, amiral, qu’il soit bien nécessaire d’avoir étudié ces choses pour construire des canons ? »

Non, ce n’était pas nécessaire, et c’était même dangereux parce qu’il y a une limite aux connaissances de l’esprit de chacun et que ce n’est pas en les étendant davantage que cet esprit est rendu le plus apte au travail utile ; là comme partout ailleurs, la vérité est dans la mesure.

C’est cette mesure qui ne paraît pas avoir été principalement envisagée dans l’élaboration du nouveau programme d’admission à l’École navale. Il reste, cependant, très supérieur à celui qui l’a précéda ; il n’eût peut-être pas fallu l’amender beaucoup pour l’amener à l’équilibre désirable ; ce sera sans doute l’œuvre de demain, le fruit d’une nouvelle expérience.

Cette expérience eût été certainement plus profitable si la